ambigu

Publié le 28 mars 2013

J’ai mis 9 mois à récupérer la souveraineté sur mon corps. Ce blog, ici, maintenant, est une conséquence de cette expérience inédite.

Je ne suis pas encore prêt à en faire le bilan, ni l’analyse. Je pensais la chose dite, et ce soir, alors que je rentrais en flânant, le visage barré d’un sourire particulièrement niais, j’ai senti que ce n’était pas réglé…

Mais avant, passer par les souvenirs, tranquillement.

Je reviens encore derrière ma fenêtre, en compagnie de cette fille dont je vais finir par tomber amoureux rétrospectivement, à force de la fréquenter. (Je ne me souviens plus trop bien de son visage). Ce moment que je n’arrête pas de relire est aussi celui d’un grand questionnement. Mes mésaventures avec les filles, et ma marginalité m’avaient alors fait douter de mon orientation sexuelle. En fait, ma culture érotique précoce m’avait surement donné une tolérance très grande envers toute pratique. Alors, je me suis demandé assez froidement si je n’étais pas homosexuel. C’est exactement à cette époque-ci, celle de la scène derrière la fenêtre, qu’il m’est arrivé un épisode encore plus minuscule, mais dont je me souviens très bien. Nous étions entassés sur le grand escalier qui menait à la cantine, attendant en troupeau que les portes s’ouvrent. Devant moi, un gars que je connaissais de vu plutôt bien bâti, avec une superbe chemise. J’ai toujours eu un goût pour les chemises. Celle-ci me fascinait. Et alors je fus pris d’un étrange réflexe. Ma main s’est tendue et j’ai attrapé le textile, à la hauteur de la poitrine du gars. Et j’ai touché ce tissu blanc fascinant. Me rendant compte de ce que je faisais, je lâchais brusquement sa chemise, et m’excusait. Le gars médusé m’a regardé… et n’a rien dit, rien, rien. Comme si rien ne s’était passé. Je suis rentré chez moi troublé. Je me souviens que le soir, j’ajoutais cet épisode à d’autres détails, en me demandant vraiment… jusqu’à ce que je me souvienne, idiot, que je ne tombais amoureux que de fille, et que je n’avais de désir que pour elle. Mais le trouble.

Bien des années plus tard, je demanderais à J « Mais comment tu fais pour draguer les mecs ? » Il me répondit « j’adore draguer les hétéros. Mais je reconnais les homos au premier coup d’œil ! » « Ha bon ? Et tu ne te trompes jamais ? » « Jamais » « Ha… et moi alors ? » « Toi, tu es ambigu ». Oui, je le savais déjà. Ma vie sera ambiguë.