Bon pour le service

Publié le 10 avril 2009

On ne goûte jamais assez les moments où l’air est bon.

Je me laisse parfois glisser le long du paysage, chemin de transverse qui m’assure une trajectoire aérienne. J’espère toujours ne pas être pressé. Mais je le suis, de naissance, et la traverse, l’azimut brutal, sied à mon tempérament. Sale manie, qui me fait prendre pour accessoire les temps de déplacement, perversion insupportable, comme j’aimerais toujours goûter chaque centimètre des distances !

Mais.

Las, je suis malade du temps. Je dois faire vite, quitte à le payer très cher. De la même manière, je travaille toujours très vite, si vite que la « collaboration » m’est difficile. Dès que j’ai « quelque chose à faire », je dois le réaliser, instantanément, aussi vite que mon cerveau le conçoit…

Le travail tue, la productivité est une maladie. Tout ça ne sert à rien. Je suis efficace par défaut, terrible et mortel défaut. À l’image de mon époque. Je bâcle toutes ces tâches inutiles au regard de l’univers, gesticulation mienne à l’unisson de celles de mon espèce agonisante. Bête algue, j’entre en résonance avec ce temps fébrile qui court à sa perte.

Paradoxe, alors que j’ai passé mon enfance persuadé d’être adapté à rien, je me retrouve, malade, adapté à l’époque. Apte à tout, à peu près…

« Alain, il est speed », disait Régis il y a 20 ans maintenant, comme si mon stress productif permanent me résumait entier.

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