bouches pleines

Publié le 14 avril 2013

« Tu crois que c’est normal, de baiser deux fois par jour, pour un vieux couple ? » « Mais non, on l’a pas fait hier… » « Ha oui, pas hier, alors c’est pour ça ! » « J’ai fait un rêve bizarre, il y avait encore les femmes de ma famille, pas ma mère, et elles ne me reconnaissaient pas » « Tu as encore des problèmes avec ta féminité… » « Ma féminité… Je suis une femme laide… » « Tu veux rire ? » « Non, je veux dire, je me suis tellement maltraité… » « Nous nous sommes maltraités. C’est notre truc, de nous maltraiter» « oui, on s’aime pas… Pourtant, c’est mon frère qui a morflé, pas moi » « Peut-être… Je crois que la culpabilité a glissé de toi à ta mère. Tu as pris sur toi la culpabilité de ta mère… » « Je ne sais pas pourquoi j’aurais fait ça » « parce que ta mère en est incapable, de culpabiliser ! Quand tu t’engueulais avec elle, quand tu lui parlais encore, que voulais-tu ? Tu voulais qu’elle se sente coupable, coupable, une fois dans sa vie ! Mais jamais. Elle est pas équipée. Tu as pris sur toi. Tu te sens responsable de ses crimes moraux… » « Jamais, elle culpabilisera jamais, ça c’est sur ! Ah ! » « Quoi ah ? Tu as mal ? » « Non, non, pas mal, c’est bizarre, juste… c’est bizarre, depuis ta crise… » « Normal, je reviens des enfers (je pense “grecs, pas l’autre”). Je suis mortel, maintenant. J’ai compris que c’était fini. Enfin, fini, pas infinie quoi.  Je suis passé de l’autre côté… Mais toi aussi, je trouve que tu… » « Attention à ce que tu vas dire » « Non, juste, je trouve que tu as passé un cap, sexuellement » « Mais parce que tu crois toujours que tout vient de toi, que c’est toi qui fais tout, que tout est de ta faute… Mais moi aussi je fais, moi aussi, je suis maline… » « Je sais. »  « J’ai tellement eu peur. T’es bizarre, tu disparais pendant des mois, et maintenant, j’ai l’impression que ton sexe est collé en travers de ton front », « c’est ça, c’est aussi ce que je ressens, c’est une pulsion vitale, c’est la réaction à la mort » « Tu vas vouloir te faire toutes les filles… » « N’importe quoi. Je suis pas comme ça… Et “toutes les filles”, comme tu dis, elles ne voudraient pas, tu sais, même si j’étais capable… » « t’es pas capable peut-être ! Je ne te crois pas une seconde ! » « Pourtant… Non. Je suis pas un mec facile ! Ha ha ha ! Mais tu sais bien que je mets 20 ans à me décontracter… Et puis, sans amour…» «Hum… Tu parles !» «Tu sais, je me suis planqué, mais quand c’est revenu, d’un coup, ça m’a rendu malade, vraiment malade, ça me pliait, avec la nausée, tellement j’avais envie… des mois à rattraper, on est bizarre quand même, le cerveau, c’est bizarre… » « Tu es bizarre », « T’es pas bizarre, peut-être, toi ? Tout le monde t’aime et tu t’aimes pas. Il faut accepter d’être aimable. Et tu n’as pas changé d’un poil, ils tombent toujours tous amoureux de toi, encore… Les mecs, vieux, jeunes, les filles, les bébés même et les chiens aussi…» « Lâche moi avec ça ! Tu m’emmerdes ! ça marchera pas, là… On y arrivera pas… » « Normal, on n’arrête pas de causer » « Y a qu’un moyen d’se taire, c’est d’avoir la bouche pleine… »

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