Brasil ! (préface à « Quadrinhos, la nouvelle bande dessinée brésilienne »)

Publié le 15 mai 2021

Je publie ici la préface que j’ai écrite pour l’anthologie de la nouvelle bande dessinée brésilienne que nous venons de publier avec Elric Dufau. C’était un projet qui nous tenait à cœur et qui a traversé bien des vicissitudes avant d’être enfin imprimé ! On peut dès à présent la commander sur la boutique de l’association, ici !

BRASIL !

Peu sensible au cliché, et pas plus au marronnier TV, je crois n’avoir jamais accordé une grande attention au Brésil. Et sûrement pas l’attention qu’aurait méritée sa taille continentale ! Comme amateur de littérature, pour la région, je lorgnais bien plus sur l’Argentine. Peut-être à cause de l’écrasante aura de Borges ? Et pour ma passion pour la BD, eh bien, encore l’Argentine ! Comment ignorer le sombre couple Muñoz & Sampayo, Breccia, Quino, etc. ? Le Brésil n’était-il qu’une forêt profonde, exotique et dangereuse comme un vers de Rimbaud ? Non. Les Français ne rataient jamais une rediffusion télévisuelle de L’Homme de Rio. Et pas pour le Rio du titre, mais pour Belmondo courant dans Brasília ! Le Brésil n’existait donc que pour son carnaval et aussi pour son architecture ? Honte !

C’est en 2015 qu’eut lieu la rencontre, et du même coup, la révélation. Avec Elric Dufau, nous étions en résidence d’une année complète à la Maison des auteurs, à Angoulême. Une résidence internationale dédiée aux narrations visuelles. Parmi nos co-résidents, deux jeunes brésiliens : Cynthia Bonacossa et Pedro D’Apremont. L’une arrivant de Rio, comme une évidence, et l’autre de cette mythique Brasilia. Pour tout dire, j’étais devenu ami deux ans avant avec un autre résident brésilien, l’illustrateur Alexandre de Melo Dantas. Mais c’est Pedro et Cynthia, deux artistes aux forts tempéraments qui allaient nous faire découvrir un trésor. Depuis la fin de la dictature était née une nouvelle génération d’auteurs de bande dessinée qui, malgré un manque cruel de marché et de relais, prenait le médium comme un véritable moyen d’expression, libre, sec, violent, radical !

Il existait donc une scène de la bande dessinée brésilienne, vivace et incroyablement talentueuse. Une révélation ! Grâce à Pedro et Cynthia, nous avons rencontré Fabiane Langona, qui pour le Brésil d’aujourd’hui, n’est pas loin de ce que Reiser était chez nous : brutalité formelle, fond sociétal acide et vraie popularité, mais aussi Pedro Franz, et rapidement André Valente qui habite maintenant dans notre quartier et nous a grandement aidés pour les traductions. Nous ouvrant leurs réseaux, ceux-là nous ont permis de contacter Pablo Carranza, DW Ribatski, Gabriel Góes, Daniel Og, Vinicius Mitchell, Rafael Corrêa, et bien d’autres !

Ne cherchez pas une école brésilienne, c’est une explosion de styles, un torrent d’expression libre, une irrépressible pulsion vitale qui prend les moyens graphiques du médium à bras le corps, sans complexe, et que les aléas politiques derniers auront bien du mal à réprimer. Et c’est à espérer ! Il nous restait à comprendre que tout ça ne naissait pas ex nihilo, mais que ce grand pays a une véritable Histoire de la bande dessinée, Quadrinhos, dont vous pouvez découvrir un panorama rapide par l’historienne Maria Clara Carneiro en fin d’ouvrage.


Le livre est à vendre ici, sur la boutique de l’association :

Mais aussi sur la Fnac ou Decitre.fr

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