Choc ( sur les « Pleurez » de Céline Guichard )

Publié le 4 octobre 2014

Je suis celui qui connait le mieux le travail de Céline Guichard. Et même ceux qui aiment et suivent sa production, et ils sont de plus en plus nombreux, n’en connaissent qu’une infime partie. Mais, c’est justement parce que je vois sortir ses dessins de son atelier depuis si longtemps, au rythme inhumain de son tempérament, que j’ai fini par m’insensibiliser et même m’aveugler à leur qualité propre. Il est devenu parfaitement normal pour moi de voir passer des dessins étranges et inattendus. Cruauté de l’habitude ! Mais aujourd’hui même, elle installe une belle exposition sur deux étages et quatre salles. Ce qui a pour conséquence d’étaler et d’accumuler sous mes yeux ce qui passe habituellement au compte goute. Un choc : Brusquement, voir dépliée la grande série de fusains expressionnistes qu’elle nomme les « pleurez », injonction ! C’est une série radicale, sans afféterie, brute et nerveuse qui vient scander la pièce de ces étranges pleurs rigides et noirs comme un rythme barbare et lancinant d’une techno rurale. Chaque visage grimaçant de chagrin, formes rentrées toutes repliées sur elles-mêmes est un coup porté au cœur. La technique traditionnelle du fusain, normalement kitch, faite pour les gris qui s’effacent d’un souffle, est ici radicalisée, retrouvant l’énergie presque bestiale d’un bois taillé par Kirchner.

La théorie d’endeuillé de Céline Guichard est l’une des plus belle et plus forte choses que j’ai pu voir sur un mur depuis très longtemps.

L’annonce de l’exposition

 

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