Dan Flavin et Kelly Rowland

Publié le 11 avril 2008

Le hasard, j’vous jure ! Alors qu’enfin je trouve le courage d’ouvrir ce site prévu depuis des lustres [1], je passe devant la TV et je vois quoi ? Un clip qui abuse éhontément d’une des stars de l’art des années 70. Le réflexe, c’est… fait exprès ? Ils l’ont fait bosser ? Capable ! Aujourd’hui, hein, tout est possible. Et tout arrive cette année, même Santana qui gratte dans une pub pour un grand magasin, alors tout est possible… Je demande : c’est qui la starlette (j’ai peut-être dit « pouf ») qui se trémousse ? “Kelly quékchose, Kelly Rowland… » Je tape ça dans la gueule de Google, et je trouve quelques Blogs qui notent la référence évidente à Dan Flavin, dans un clip de Kelly Rowlan… et c’est tout, rien. Pas de Dan Flavin crédité, pas une réflexion, rien. Calme plat.

Il y a pourtant une chose simple à dire, mais quand même terriblement humoristique, de cet humour particulier de l’histoire…

Quand Dan Flavin pose ses premiers néons au début des années 60, c’est un geste minimal qui semble à l’observateur comme un acte d’un extrême dépouillement, d’une froideur absolue, froideur par l’absence de trace subjective, aucune action de l’artiste sur l’intégrité de l’objet détourné, froideur de l’installation, le néon parfaitement standard, le long du mur, comme abandonné par un électricien, froideur de l’objet, tube industriel, manufacturé, froideur de la lumière, froide, du néon, en opposition avec la chaleur des lampes à incandescence…

Une installation glaçante, un geste minimal, pas de pathos… alors de passion… nulle part.

Et, l’humour de l’histoire. Le temps passe, cet art vieilli, et sa radicalité s’érode, alors même que l’arrangement ne change pas. Rien ne change, c’est juste l’habitude, ce truc qui use tout. Le néon devient « Dan Flavin », comme le porte-bouteille est un Duchamp, même sur une brocante.

Et voilà, jusqu’à 2008, ou l’objet, le néon, mais pas celui du supermarché dans son emballage, non, l’installé, le Flavin, apparaît dans un clip chaud chaud chaud. Enfin qui se veut chaud, chaudasse même… Et le retournement, mécanisme classique de l’histoire des formes et du sens… L’objet froid, tubulaire et long joue le rôle de la barre chromé, et la fille s’y frotte, pour, je suppose, allumer les passions… Allumer les passions ? Avec Dan Flavin ? Si c’est pas de l’humour, ça !

Notes

Cet article était initialement publié dans un site éphémère nommé « généalogie des formes »

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