De l’impossibilité définitive du roman

Publié le 8 avril 2013

Ni Bovary, ni rien, ni rien, pas à définir, pas, juste vivante, un destin. Ha oui, le destin, encore aujourd’hui, c’est un truc de mec.

Qu’est-ce que tu voulais ? Qu’est-ce que tu voulais vraiment ? La pénétrer ? Oui. Et plus loin, cette pénétration sociale qui détruit les femmes depuis toujours ? Tu veux plaider non coupable ? Tu lâches  « je comprends » et tu vas nier, même sous la torture, même sous les caresses ?

Qu’est-ce que tu voulais ? Que ton plaisir dure. Qu’il perdure. Combien de temps ? (tu le sais, maintenant. Tu es fier de ta « performance » ?). Ton désir. Tu voulais, tu articulais, tu savais, la vision, que tu l’empêcherais de mourir, et que tu préserverais sa vocation, contre vent et marée, que tu ne reproduirais pas l’erreur de tes parents, que tu avais vu la crise de ta mère, les tourments. Tu ne reproduirais pas, et que ce qu’elle voulait, ce qu’elle désirait, était ce qui t’était le plus précieux. Disais-tu. Te disais-tu. Tu arrivais à t’en convaincre. C’était ta manière de payer.  Tu l’a fait. Mais en prenant tout, au passage. Le type délicat, qui accepte l’inversion des codes, tu l’as prise, comme tu la prends quand ton cerveau dérape, par les fesses d’une main et la nuque de l’autre. Parce que la première chose que tu acceptes, c’est bien d’être un mec. Mais, la garder de ses pulsions morbides, c’était pas compatible avec.  Qu’as-tu fait ? Tu as manipulé son destin ?  Le tien, c’est sur, tu sais maintenant (et tu souris de ta douce punition).

Qu’est-ce que tu voulais vraiment. Ne pas être seul. Donc, c’était pour ça, depuis ce changement de paradigme, derrière cette fenêtre de cet appartement HLM, tu ne voulais plus jamais te sentir seul, quand tu avais compris que ta « copine » n’était pas « comme toi ». Non, tu ne tomberais plus amoureux que du talent et de l’esprit, le talent et l’esprit, pour avoir un interlocuteur, pour ne pas être seul. C’est ça que tu voulais. Tu n’as plus été seul. Tu entendras, sans comprendre au début « c’est un couple fusionnel ».

Qu’est-ce que tu voulais ? Une complice. Complice de quoi ? De tes crimes ? Quels crimes ? Toi ? Qui a encore honte d’avoir gêné quelqu’un, par ta maladresse, il y a 30 ans ? Quelle bague ! Non, le crime était écrit dans l’espèce. Mais t’es pas du genre à te soumettre aux déterminismes hein ! Un vrai mec, hein ! Le paradoxe.

Qu’est-ce que tu voulais ? L’admirer. Oui, tu voulais respecter, c’est vrai, l’admirer. Tu n’aimes que les femmes que tu admires, et tu comprends pas, tu méprises ceux qui, comme celui du dernier fait divers mondial, se masturbent dans le corps de femmes interchangeables. Tu l’admires. Mais supporterais-tu qu’elle ne t’admire pas, alors qu’elle va connaitre tout, le pire, le bas, le sale, et même l’inavouable ?

Et c’est encore mignon, mais qu’est-ce que tu veux ? (rire)