Exotique

Publié le 8 juillet 2013

Bien, voilà une bonne date pour continuer la restructuration de mes interventions sur le Web. Un moment que je me pose à la question de celui-ci, qui pourrait passer dans l’un des tumblrs anonymes, et ainsi récupérer l’effet réseau social et du même coup me donner beaucoup plus de liberté de ton. Me laisse le temps.

Je commence à comprendre le sens de « la photo volée ». Ce n’est pas tant des images qu’une démarche (foirée aujourd’hui d’ailleurs…). Et cette démarche, je la comprends mieux depuis cette réflexion ce matin sur le regard exotique sur les choses communes. L’idée, ici, c’est de faire en sorte de voir son lieu d’habitation avec des yeux neufs, ou plutôt des yeux distants, à la manière dont les décors américains font fantasmer le monde entier.

Je me suis souvenu de cette expérience métaphysique, du bord de route sous les tropiques, et cette sensation d’absence d’exotisme, que cette route, malgré le climat insoutenable, n’était qu’une route comme les autres avec de l’herbe comme les autres aux bords, herbe d’essence un peu différente, insecte différent (beaucoup plus bruyant. Vraiment beaucoup plus bruyant !), mais tout ça indifférencié à la distance de ma vision. Tout semblait normal, je me sentais moi, perdu sur « un » bord de route, et je me suis demandé alors, je m’en souviens, « mais qu’est-ce que l’exotisme ? ».

Je réponds avec ces photographies volées. L’exotisme est dans le regard que l’on porte sur les choses… M’évoque une conversation avec Matt sur un arrêt de bus du Texas. En fait, il s’était pris en plein « l’esthétique négative » de cet abribus de chez lui, avec ces gens de chez lui attendant le bus, et adjoignait à l’anecdote le patron d’un magasin qui lui avait provoqué un mouvement violent de répulsion. À la vision de ce qui était pourtant la normalité de son enfance, il avait été envahi par une profonde sensation de sordide. Il était venu en France pour chercher les décors d’un film de Kieslowski (c’est bizarre), et c’était donc tout autant un fantasme pour lui, ce décor de petite maison de village, lui sortant d’une salle de cinéma texane, que les Motels sinistres des bords de route américaine ne le sont pour les cerveaux du monde entier.

Il y a deux mouvements, ce mouvement de l’exotisme, de l’attrait du lointain, de son étrangeté séduisante, mais aussi le désir d’être au centre du monde. Et pour chacun, le centre du monde n’est pas tout à fait le même, même si certains lieux ont plus de succès que d’autre, comme Paris ou mieux, New York pour les Français, et bien pour un Texan d’extraction plutôt bourgeoise, une bourgeoisie culturelle même, le centre du monde, c’est ici, chez moi, c’est-à-dire nulle part pour moi… Et c’est aussi le centre du monde pour les Coréennes qui ne repartiront pas, et pour d’autres, et pour certains qui partent, mais reviennent toujours. Étrange ballet sociogéographique.

Alors, « la photo volée » tente de voir « ici » par leurs yeux. Et je crois que c’est pour ça que la série a tout de suite accroché l’intérêt de photographes très lointains.

 

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