La mécanique du gars

Publié le 4 avril 2013

Bonjour docteur (un jeune remplaçant. Ça tombe bien, il ne restera pas). « Qu’est-ce qui vous arrive ? » « Heu… Bon… Voilà… J’ai… Hum… Un problème sexuel… » « Hum. De quel genre ? » « Et bien… comment vous dire, j’ai rencontré une fille…” “Oui, jusque-là, c’est pas…» « Oui, c’est pas… mais le problème c’est ça, c’est que c’est pas… ça ne marche pas. Enfin, avec elle, je suis impuissant. Voilà.” “Comment ça, avec elle ?” “Ha, oui, alors, donc, voilà, je suis en couple, avec une fille… et là, ça marche très bien, mais j’ai rencontré une autre fille, et… » « Hum… » « Oui, hum, et je suis… amoureux, non, amoureux, ça couvre pas, c’est… extrême. Oui, extrême. Et impossible ! On a essayé, plusieurs fois, mais rien.” Il a souri, je pense qu’il maitrisait son envie de rire… “Oui, je commence à comprendre. Vous n’êtes pas impuissant, donc, rien de mécanique… » Non, rien de mécanique… » « Oui, j’avais peur… à votre âge ce serait anormal… oui oui. OK, vous êtes sujet à la culpabilité ? » Silence. “Oui. La culpabilité, je la connais. Je la connais intimement.” “OK. À défaut d’être guéri, vous êtes diagnostiqué ! » Rire de lui, honte de moi. Honte de ne pas avoir compris seul. La peine d’avoir lu Freud ! “Bien, voilà une belle culpabilité castratrice ! Alors, arrêtez de culpabiliser, et puis ça devrait rouler… Revenez me voir si ça ne s’arrange pas…” Mais il disait ça mécaniquement, sans conviction, et il avait raison, je ne suis pas retourné le voir. J’ai juste arrêté de culpabiliser, et je me suis retrouvé célibataire.

Et voilà, me retrouve dans la rue, tête basse, un obsédé sexuel qui n’arrive pas à tromper. Ironie du sort.

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