Libéral

Publié le 9 juillet 2008

L’état du monde m’a toujours inquiété. Aussi loin que je me souvienne, je regardais cette immense machine avec perplexité. J’ai très vite compris que mon esprit serait plus apte à l’appréhension philosophique et scientifique qu’à l’analyse économique ou sociétale, prismes qui m’ont toujours provoqué une répulsion naturelle.

Il faudra ce qu’on nomme « conscience politique » pour que lentement ces préoccupations étrangères à ma nature première s’instillent dans ma grande enquête enfantine.

Je suis toujours un enfant. J’écarquille toujours les yeux. Je tente toujours d’articuler de manière cohérente la masse inhumaine des informations émise par ce monde.

Et je ne comprends pas. Je regardais avec affolement les élites du monde s’obstiner à appliquer un modèle inopérant. Pourquoi cet acharnement ?

Ou plutôt, ce qu’il faut toujours et toujours rappeler : le libéralisme fonctionne, oui, il répond à son utopie, il enrichi très rapidement… non, le terme enrichir n’est pas correct, trop polémique… Il offre plutôt le « confort de vie », ce qui n’est en rien méprisable, à la plus grande partie de la population, et il offre une alternative à la guerre pour désennuyer les nerfs, la merveilleuse « consommation ».

Oui, le libéralisme opère. Mais.

Ce que nous savons depuis longtemps : Il ne fonctionne que très peu de temps avant de s’écrouler sur lui-même, comme un jouet mécanique qui demanderait d’immenses efforts pour en remonter le ressort.

Il ressemble ainsi de manière criante au chemin pavé de rose qui mène à l’enfer de la vieille morale chrétienne.

Alors, alors que je sais qu’ils savent, alors, je regarde le monde et je ne comprends pas. Je m’insurge à vide, impuissant, contre cette obstination mortelle du collège des conducteurs de notre monde sans croire possible un tel aveuglement.

Et brusquement, une vision : la « dernière prise de bénéfice ». La ruée sur les « ultimes ressources ». Et je vois se dessiner une horreur oblique, dans un angle mort du monde. Il ne fallait donc pas les prendre pour des idiots, mais plutôt des cyniques, oui. Ce qui n’était pas compréhensible devient évident. Ils savent la fin inscrite, mieux que quiconque sur cette terre, l’irrémédiable fiasco de cette civilisation, et devant les malheurs qui s’annoncent, ils se précipitent sur les restes, s’arrachant les bribes d’une prospérité déjà passée, engrangeant vite tout ce qui peut l’être avant… La fin.

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