Ma vie est une blague

Publié le 15 avril 2013

Je me rends compte qu’encore une fois, j’occulte systématiquement tout ce qui pourrait paraitre trop étrange. Je ne sais pas pourquoi je n’arrive pas à raconter les choses « comme ça », comme si c’était rien. Ma vie est une blague, une invention d’enfant, avec de la magie opérative et de grands trips psychédéliques sans drogue, puisque je consomme pas. Jamais eu besoin. Ma vie normale est déjà une vaste blague juive, de ces blagues qui s’étalent, comme sur le côté de la tartine qui n’en finit pas de chuter. Une blague ou les incertitudes sont des coïncidences. Des coïncidences.  Pourquoi une chose a-t-elle du sens et pas l’autre ? Pourquoi ?   J’ai voué la première partie de ma vie à absorber les histoires. La seconde à vivre les histoires que j’avais lues, avec TOUS les ingrédients. Même ceux qui pour vous n’existent que dans les contes pour enfants. Ces ingrédients dont je ne parle pas, petite honte du gars pas complètement fou, qui tient encore à ce qui lui reste d’image sociale. J’aurais pu mourir aussi, je ne sais plus combien de fois. Un couteau a glissé sur mon ventre, juste glissé. Chance ou un reste de réflexe de petit guerrier ? Ma mâchoire craque chaque jour de ma vie, pour se remettre en place. J’ai aussi accepté l’asphyxie sous cet oreiller. L’alcool ? Oui. La conduite à risque, pour toi et les autres. Oui, hygiéniste. J’aurais dû mourir. Mais non, je suis là, relativement solide. Pas sûr que tout ça n’a pas entamé ma réserve de neurone… Et quand enfin, après des années de normalité apparente, j’attends de savoir si c’est un cancer… j’ai peur de la mort. Non. Dans la nuit, j’ai hurlé, oui hurlé, que je m’en foutais bien d’avoir un cancer ou n’importe quoi, ou me prendre une tuile sur la gueule au prochain coup de vent (comme celle qui est tombée à mes pieds, il y a un mois), je m’en fous bien depuis toujours, mais PAS devenir impuissant. Ça non ! Alors, elle m’a répondu que c’était inéluctable, que ça arriverait bien un jour… Mais j’ai rétorqué que pas maintenant, que je n’étais pas prêt à ça. Que je demandais encore quelques années ! Que oui, je le jure, je crache, je donne ma tête maintenant, je me jette, j’abandonne mon corps au premier fossé qui l’accepte, mais non, je n’accepterais pas la maladie ni le traitement qui fait ça. Jamais. Là, oui, je me tuerais. Oui. Je me tuerais.

« Tu ne comprends pas… Tu ne comprends pas… C’est pas de la mécanique. C’est pas de la mécanique. Tu refuses de comprendre, hein ? L’érection, c’est pas de la mécanique. C’est un état, un état mental. C’est ma respiration. C’est ma manière d’être, de penser. Et me cherche pas, c’est pas une histoire d’homme ou de se sentir homme ou je ne sais quoi. Je m’en fous, homme, femme, je m’en fous ! je leur laisse, aux cons, non, juste ça. Je suis ça. NON ! Je te jure, je n’accepterais pas ! Pas là, pas maintenant ! »

Pauvre petit gars ! La blague, sale blague. Elle finissait bien, au bout. Provisoirement…

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