Mauvais vent

Publié le 2 janvier 2017

Encore dans la fièvre, j’ai lu, par faiblesse peut-être, la moitié d’un roman de 1942 édité en NRF : « Le vent se lève », d’un écrivain confidentiel qui a grande vocation à le rester : Marius Grout. J’ai été surpris par la simplicité et l’ouverture d’une écriture qui ne manque pas de qualité, loin de là,  et même présente une certaine modernité formelle. Mais après cette première impression engageante, j’ai fini par interrompre ma lecture, n’en pouvant plus des bigoteries d’un de ces rats se tourmentant dans sa cage dont je parlais plus avant.

Soi-disant, notre homme (le romancier ou le personnage ? Il semble que ça se confonde ici), se coltine avec les ténèbres, « nos » ténèbres donc, et se frottent au mal ou je ne sais quoi. Que c’est drôle ! Si l’on met de côté la mysoginie crasse de l’auteur, si crasse qu’elle fait parti de ces choses qui rendent difficiles une lecture contemporaine : « les femmes sont ci, sont ça », et je ne sais quoi d’autre de l’ordre du délire d’un monde bien gendré qui n’a jamais eu lieu, il reste un pauvre type qui n’a d’autres problèmes en pleine occupation allemande, semble-t-il,  que de savoir s’il va coucher avec sa jeune élève ou pas. Ça, c’est de la bien bonnes ténèbres, ça ! Et si, au bout du compte, comme l’auteur, il ne s’écarterait pas de l’Église Catholique pour se donner à pire, ce pire qui évoque aujourd’hui essentiellement des boîtes de céréales pour le matin… Pouacre !

Comme quoi, on peut avoir un talent d’écriture et rien d’autre à étaler que quelques insanités.

Je n’ai plus tenu longtemps quand le texte sombre dans le comique involontaire.  Ceci démontrant la nature du problème : peut-on écrire quand on est d’une telle naïveté ? Je n’en suis pas sur…

Ce qui est sur, c’est qu’aucun écrivain ne peut survivre à ça :

« Je me suis décidé à acheter une pipe. […] On devrait se réunir entre hommes, de temps en temps, pour de longues pipes toutes silencieuses. Une sorte de culte. On m’a dit que les Quakers (est-ce bien ainsi qu’on doit l’écrire) aiment à s’assembler en silence, que c’est même là leur messe à eux ; mais que font-ils alors de leurs mains, et de leurs pensées vagabondes ? Un homme, s’il n’a pas son outil, doit avoir en main quelque chose : un livre de messe, ou un chapelet, ou un psautier. Ou bien une pipe. Alors, l’esprit peut dériver. »

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