Réel

Publié le 25 avril 2013

Voilà, ça, c’est moi. Je me reconnais. Je clos 15 ans d’une étrange expérience, et ne ressens ni angoisse, ni haine, ni rien, et je sais déjà que je vais oublier à une vitesse folle. Qu’au moins ce détachement qui m’est naturel me serve à quelque chose. Je viens de voir repasser l’annonce sur mon remplacement avec un petit sourire…

Plus tard : Nous sommes restés un peu en terrasse, et sommes rentrés lentement, par des chemins de traverse. C’est seulement vers le retour qu’elle m’a posé la question qui lui brule les lèvres depuis longtemps. Et ensuite, ensuite, moi, je temporisais, incapable de parler dans la rue, par éducation, et une fois rentrés, nous allons dialoguer, jouant au meilleur auteur. Elle a dit quelque chose comme ça, que jamais personne ne l’a larguée, jamais, et qu’elle veut qu’on se sépare parce qu’elle pense que nos chemins sont trop différents, que je vais la quitter, et qu’elle n’a pas le courage d’attendre ça. J’ai répondu “Ce que tu veux, c’est une sorte de rupture préventive, comme il y a la guerre préventive” elle a souri et “mais ce n’est pas la guerre. Regarde, on ne s’est même pas engueulé” et c’est ce qui me fait peur, brusquement…

Le premier mot du matin, comme une gueule de bois, sans alcool. Elle se tourne et dit doucement “je suis contente que tu sois revenu”. Sans la regarder, je réponds “mais je s…” elle me coupe “ce n’est pas ce que je voulais dire” et je ne relève pas, laissant ça comme ça.

Devant mon bol de thé, je la regarde, derrière l’écran. Elle est sur Facebook, je le sais aux mouvements de sa main. Je dis “j’ai la nausée, je suis crevé, comme une gueule de bois…” “Moi aussi” “Il ne faut pas. Nous avons des choses à faire tous les deux… Des choses sérieuses… Je dois me concentrer… Tu sais bien que chez moi l’affectif prime. Si on continue comme ça, je vais sombrer” “Ne me menace pas” “Ce n’est pas une menace, tu sais très bien que c’est vrai” “Écoute, moi, je ne suis qu’affective, rien d’autre, tu crois que je vis tout ça comment ? Et depuis des mois !” “Oui, je sais…”.

Dans la nuit, très loin dans la nuit, “tu sais bien pourquoi je fais ça, hein, la vraie raison… Tu sais que si j’étais resté et qu’on avait dit “aller, on change !” on ne l’aurait pas fait. Tu sais bien. Là, on est obligé de changer. C’est le vide, pour tous les deux, on est obligé de changer tous les deux” “C’est vrai… On ne l’aurait pas fait…” “Oui, là, la semaine prochaine, c’est réel.”

 

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