Regarder les murs tomber

Publié le 6 mars 2013

Inutile de me poser des questions. Je sais bien que les choses se passent comme elles se passent. Je sais maintenant reconnaitre lorsque je suis pris par un mécanisme qui a ses propres règles internes, et surtout ses propres temps. Les choses se feront. Je n’ai qu’à m’y abandonner.
Donc, je démêle 15 ans de vie professionnelle. Tout d’un coup ! Au risque de la chute. Et pourquoi pas ? Et quelle est donc cette chute dont tout le monde a peur ? Maintenant, maintenant que j’ai envoyé cette lettre « recommandée avec accusé de réception », que la postière me demande « c’est professionnel ou personnel ? » et que je bafouille « Heu… profess… Heu person… heu » et qu’elle me coupe « c’est pour savoir s’il vous faut une facture ! » « Ha… OK, c’est personnel, même si c’est pour mon employeur alors… ». Elle ri, dans son stress… parce que les postières sont stressées maintenant, fébriles et apeurées… je regarde partout, si je ne vois pas de caméras. Elles ne seraient pas filmées par hasard ? Hum… Le travail va mal, très mal. Mal idéologique. Le pire.
Le seul moment de grande sérénité que j’ai vécu ces derniers mois, c’est hier juste en sortant de la poste. Brusquement, la rue devenait accueillante, l’air était différent, et tout était possible. Ensuite… ce n’est pas terminé. Et donc, c’est encore là. Mais j’ai enfin pu toucher du doigt l’origine de cette oppression. J’ai senti tangible le nœud coulant de la servitude se desserrer et l’air, l’air, l’air… J’ai su alors que quels que soient les risques, c’était là, la bonne direction.

Je ris parfois en pensant à ce petit livre du sociologue Éric Maurin qui est derrière moi, sur l’étagère, « La peur du déclassement ». Et je souris en me souvenant enfin que les catégories sociales ne m’ont jamais concerné. Jamais, et qu’il aura fallu une hypnose étrange, une parenthèse dans ma vie,  pour que j’adhère à ces arbitraires insanes.

Étrangement, je suis accompagné par une peur, que je sens chez certain, une forme de peur superstitieuse, mais déjà plusieurs personnes m’ont dit leur admiration…. leur admiration… Attendez donc de voir ou ça mène, avant d’admirer l’ultime transgression !

La découverte du cancer de mon père a provoqué un électrochoc familial. Je parlais souvent d’acheter un scanner diapo, pour ouvrir et publier les archives photographiques familiales… mais ça ne prenait pas. Là, je reçois deux SMS, de ma mère et de ma sœur, le scanner est arrivé. OK. Je sais ce que ça veut dire. Je vais ouvrir le grand livre d’images. Je vais ouvrir. J’ai peur.

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