suis-je coupable ?

Publié le 4 janvier 2013

Je voulais, dans le blog d’avant, faire le compte de mes petits crimes. Puisque parfois de petites hontes m’avaient accompagné des années. Je trouvais ça fécond, de fouiller de ce côté-ci, de donner du corps à la culpabilité. Je voulais énumérer, froidement, ces hontes dont je me souvenais… Comme une confession, mais sans confesseur. Une manière peut-être de m’en débarrasser.
Je voulais en faire de ces trucs dans l’enfer ! idées à la con. Je voulais énumérer les accidents, dans une vie de bêtises et d’inconséquences, comme le gars cardiaque que je me suis emplâtré, en ski, parce que je faisais n’importe quoi pourvu que ce soit dangereux. Ou failli aveugler, comme mon petit frère… Un chapelet d’intersections malheureuses, pulsions, maladresses… Au bout du compte, des chances, d’une certaine manière. Juste des sueurs froides dans le dos, et cette étrange expérience de la promiscuité du fiasco… comme pendant un accident de la route, que tout ralentit, que vous voyez la chose arriver sans pouvoir bouger, parce qu’en fait, tout se passe en une seconde… Cette étrange distorsion du temps qui laisse arriver tranquillement la conséquence de vos actes… Chaîne causale…

Mais culpabilité ? Les crimes involontaires sont-ils des crimes ? Y a-t-il des crimes volontaires ? Chaîne causale… Indécidable. Le droit tranche. Mais laisse l’incertitude morale. Si tu provoques une catastrophe en répondant à une pulsion, ou pire, en lâchant un geste maladroit… ce qui est le cas de bien des catastrophes… Es-tu coupable ? Une pulsion peut être irrépressible. Nous en avons tous chaque jour, irrépressible, mais inconséquent. D’autres ont d’immenses conséquences.  As-tu voulu cette pulsion ? Non. ARGGGHHH ! Une Histoire humaine à ne pas savoir s’en défaire. Certaines sociétés traditionnelles ont mis en place un système de ritualisation du conflit pour apaiser les tentions sans apporter ce qu’on nomme « justice », considérant que, quel que soit le crime, l’important est que les victimes et les bourreaux se réconcilient. La palabre sert à ça. Et ce qui s’est produit après l’apartheid en Afrique du Sud montre bien que malgré les apparences, cette société était plus africaine qu’occidentale. Peut-être que notre droit construit sur la culpabilité est un droit barbare ? Un droit civilisé chercherait à apaiser, rétablir l’harmonie et limiter les récidives. Ha oui, j’oubliais, pour ça, il faut ne pas croire au mal… Si tu crois au mal, et si en plus tu te crois à l’abri… évidemment…

Alors, moi, avec mes crimes minuscules, mes maladresses, mes errances morales… Suis-je coupable ?
Je ne sais pas… Je ne saurais jamais. Et je ne demanderais pas à mes amis juristes. Mais ce que je sais, c’est que je paye, même au paradis…

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