BD dans la ville (4)

Publié le 25 janvier 2012

Voilà, ça y est, c’est là ! Comment ça, c’est là ? Mais le Festival ne commence que jeudi matin ? Oui oui, bien sur, mais aujourd’hui, les journalistes… ha ! les journalistes ! Et les exposants aussi, il faut bien qu’ils préparent l’ouverture, et donc les grands chapiteaux qui étaient encore si déserts hier encore sont maintenant habités par une population industrieuse…

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Dans les rues, c’est pas la foule, mais cette ville ressemble maintenant à une ville. Des gens partout, les pas-de-porte désaffectés qui revivent pour 4 jours, des petites expos un peu partout, des lieux alternatifs pas toujours identifiés… presque comme une vraie ville quoi ! Ce jour d’avant, c’est le meilleur moment. Ensuite, à partir de vendredi surtout, ça va ressembler à un haut lieu touristique, avec ses queues, ses cafés inabordables, ses batailles pour voir, sans qu’on sache parfois ce qu’il y a à voir.
En attendant, je suis passé par le Théâtre, ou plutôt son sous-sol, pour jeter un œil à l’expo du « Tampographe Sardon ». Au-dessus, il y aura bientôt les « concerts de dessin », un concept étrange, moitié concert, moitié dessin de BD… Je ne suis pas particulièrement client.

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Alors, Sardon : je crois que j’ai vu ce qu’il y a de mieux pendant ce festival ! C’est peut-être excessif… Mais non, je ne crois pas. C’est sombre et drôle, c’est inquiétant et insolent juste comme il faut. Ça fait du bien, mais comme un suppositoire… Sardon a toujours su extraire une forme très singulière de jubilation d’une forme tout aussi singulière de désespoirs. Je ne sais pas si je le croiserais pendant ces quelques jours, et je ne sais même pas si je le reconnaitrais…

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Le mercredi, c’est le jour d’avant, et c’est surtout le premier soir ! ça commence : plusieurs choses en même temps… Pas facile d’être partout. Le phénomène va s’accentuer dans les jours qui viennent. Et il va se passer ce qui se passe toujours, le Festival va se diviser comme un mille-feuille, et chacun devra suivre son chemin, tous bien rangé sociologiquement. Il y aura le Festival officiel, très officiel, les soirées privées, le festival des auteurs, de certains, et d’autres, en fonction des « familles » qui composent le milieu. Il y aura celui du grand public, celui qui passe à la TV, et celui des amis, des bandes de copains, des scolaires, des collectionneurs, etc. Et comme on ne peut pas être partout à la fois, et qu’on ne rentre pas partout en fonction de son badge ou de ses connaissances, hé bien il n’y a pas franchement de mélange, comme ne se mélangent pas les différents lectorats des « genres » franco-belges, comics ou mangas et des âges, les enfants, les adolescents, les célèbres « adulescents » et les adultes… J’aurais beaucoup d’anecdotes à raconter sur ces clivages sociaux, car plus jeune, le jeu évidement était d’entrer dans les lieux interdits, pour se saouler, par exemple, avec un « gros éditeur » ou quelques célébrités. Chose qui ne fut pas si difficile et d’une grande vanité. Mais je suppose qu’on retrouve ce genre de souvenir chez les vieux Cannois…

Alors, il faudra que j’aborde le gros problème du festival depuis quelque temps, puisqu’il se retrouve enjeu politique. Ainsi, cette année, il y a deux expos du Président Spiegelman, en face l’un de l’autre de chaque côté du Fleuve. D’une certaine manière, on pourrait résumer ainsi : il y a le Festival officiel et le Festival institutionnel… Seuls les locaux ont une chance de comprendre ce qui se trame ici. Et je dis ça sans être complètement convaincu que quelqu’un puisque vraiment comprendre. Quoi qu’il en soit, ce soir, c’est de l’autre côté du Fleuve, du côté institutionnel, au Musée de la BD… et je ne vous en voudrais pas de ne pas comprendre…
Alors, traversons la passerelle Hugo Pratt, passons devant la sculpture de Corto Maltese (malheureusement ressemblant beaucoup plus au Corto du dessin animé qu’à celui de Pratt), et dirigeons-nous vers le musée pour découvrir l’exposition « Art Spiegelman, le musée privé »…

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Et entrons dans le Musée… Tiens, on est bien dans un musée de la BD !

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Je dois vous prévenir, mais je soupçonne l’architecte d’avoir un peu trop visionné un film de Kubrick…

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C’est une soirée qui à elle seule montre le chemin sociologique qu’a pu parcourir la bande dessinée depuis les années 70 du siècle dernier. Nous sommes vraiment devant un public de lieu culturel, très policé et très calibré d’ailleurs… Ce ne sont pas les visiteurs familiaux du samedi dans les chapiteaux commerciaux, ce ne sont pas non plus des collectionneurs sociopathes (qui composaient quasi exclusivement le public adulte des années 70-80).

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Je ne vous montre pas les photographies de l’exposition d’à côté, sur les peintures des dessinateurs de BD, puisque j’en parlerais ailleurs. C’est un sujet trop long et trop polémique pour s’inscrire dans une chronique rapide comme celle-ci…
Pour parler très rapidement de l’exposition « le musée privé » qui est en photo ici, elle a les mêmes défauts que n’importe quelle exposition de BD… La BD est réalisée à coup de grands efforts artisanaux pour être imprimée, reliée et lue dans son fauteuil… Une planche épinglée, muséifiée, est un objet étrange qui a plus à voir avec l’ethno qu’avec l’artistique. En effet, les expositions ethnologiques donnent elles aussi à voir des objets dont la finalité première n’était pas l’exposition. Alors que les objets produits dans le cadre de la pratique de l’Art ne changent pas de finalité quand il passe d’une galerie au musée (discutable ailleurs…). Et bien sur, les écrans omniprésents dans les scénographies aujourd’hui (et qui passeront un jour pour une bizarrerie de notre époque) permettent à Art Spiegelman d’être partout, sans que je sache s’il devait venir, s’il était déjà arrivé, ou s’il passait la soirée dans une autre de ces sphères clivantes…

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Il y avait quelques vedettes du milieu de la BD ce soir… Et j’en ai aperçu sur mes photos en les sortant dans mon ordinateur. Il faut dire que ce soir, il n’y avait à priori que des professionnels. Mais je n’ai pas choisi ces photographies-là… Bon, aller, il est temps de partir…

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En sortant, on passe devant un « truc Malabar » non identifié…

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Et en repartant vers le centre-ville, on glisse en face devant le bâtiment Castro qui accueille l’exposition Art Spiegelman officielle… Et je pense à ce moment-là que ce festival n’est pas encore commencé, mais que j’en ai déjà fait le tour, presque, à l’exception notable de « L’EXPO », la seule, la vraie, celle du président…

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À suivre… BD dans la ville 5

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