coitus interruptus

Publié le 31 mars 2013

Il faudra que je revienne souvent sur les arts martiaux. Ces pratiques ont eu une influence majeure sur ma vie. Mais en parler me rappelle surtout que j’avais prévu, dans le blog qui a disparu, d’énumérer une autre collection, celle des coitus interruptus. Ça me semblait amusant. Je pensais à ça, en me disant qu’il est rare de raconter les fiascos, mais plus encore les réussites avortées. Comme ce truc de « la première fois », avec laquelle j’ai du mal, puisqu’on accède à la sexualité par étape, morceaux, bout, esquisse, et donc foirage. Peut-être que tous ceux qui racontent leur première fois sont sûrs de leur fait, peut-être que c’était parfait, mais moi, j’ai pas une première fois, mais des tas de petites choses sexuelles torves qui n’ont, jusqu’à maintenant, jamais abouti à une première fois parfaite. L’espoir fait vivre !

Et donc, cette histoire d’art martial. C’était au cours de Karaté. Avec le temps, nous étions tous très soudés. Il y avait vraiment une confraternité entre tous, de tous âges. Il y avait une fille plutôt petite et très mignonne avec laquelle je me battais parfois. Je ne vais pas m’appesantir sur les similitudes entre le combat et le sexe. Hum… Discutable, même s’il est évident que ces combats très rapprochés, très secs, très vifs, ces mélanges de sueur, ces frictions… Cette fille sortait avec un type qui venait la chercher après la séance du soir, un type, une montagne ! Un monstre de gars, avec une gueule passablement méchante.

Donc, s’est installée entre nous, avec cette fille, une complicité certaine. Et c’est tout. Longtemps. Juste qu’un jour, et j’aurais du mal à savoir pourquoi ça a dérivé comme ça. Pourquoi ? C’est toujours un mystère pourquoi les choses basculent vers autre chose. Et c’est le mystère éternel du passage à l’acte. Mais avant la fin de la séance, nous sommes sortis vers les vestiaires tous les deux, et je ne me souviens vraiment plus du prétexte… Mais dans le couloir des douches, derrière deux grandes portes battantes, une blague, une provocation, et une pulsion brutale et réciproque. Je l’ai agrippé au kimono et plaqué contre le carrelage froid. Elle riait, de ce rire si spécifique qui commence à glousser, et son regard qui brillait déjà au plafond, et nos mains qui se crispent sur le textile résistant, le froid du carrelage, et tout de suite le mélange des sueurs. Plus de cerveau. Ou plutôt plus de cerveau supérieur… Le reptilien, ça allait plutôt. Et je me souviens, lâche, à travers mon délire, d’avoir eu la vision de son immense gars m’écrasant la gueule dans mon futur très proche… disons dix minutes plus tard… Mais rien, c’était déjà impossible de revenir en arrière. Sauf que la séance était terminée, et que nous n’avions aucune issue pour fuir. Ha, mais oui ! Je me souviens, l’enfer, que c’est ma sœur qui est entrée en premier dans ce couloir !

Pour une fois que c’était cinématographique !