culpabilités

Publié le 8 avril 2013

Mais la sienne.
Oui, voilà, dans ce désir d’aimer, ce qui était nié, ce qui provoquait mon propre malheur, la négation de sa culpabilité. Au bout, au bout, derrière les discours, une manière de la nier quand même, de répondre à la convention, derrière le rebelle à tout, derrière le type fier d’être braqué contre son espèce entière, s’il le fallait, prêt à mourir pour ses convictions, derrière tout ça, « romantique », la négation de sa culpabilité qui encore, infantilisait.

Non, je n’étais pas coupable. Pas plus. J’étais programmé pour me sentir coupable, pour être responsable, d’elle. Je n’étais pas coupable, et elle n’était pas innocente. j’en avais l’intuition, mais elle n’avait pas besoin de moi pour être sauvée. Animal plus encore que moi, c’était une survivante.

Sa culpabilité, enfin, ma plus grande ennemie, que je niais, et cette négation m’a rendu plus bête d’entre les idiots, un mélange de l’ensemble des petits noms de l’esprit obtus, qui souffre d’être ce qu’il est sans comprendre, qui fabrique sa propre gangue de crasse opaque. Pourtant, sa culpabilité était dévastatrice, et posait un problème moral autrement plus épineux que la minuscule mienne ! Quelques amants planqués n’étaient rien. Mais moi, j’étais visible, et je réclamais tout ! Et elle, elle remettait brusquement en question son jeune couple et sa fille ! Et sa fille, et sa fille et les familles derrières. Et elle ne gérait pas, pas du tout. Et nos rencontres se terminaient par des engueulades homériques, et nous décidions de ne plus jamais nous revoir et cette culpabilité, qui se transformait en agressivité, je l’incarnais. Pourtant, elle revenait toujours et m’en voulait chaque fois plus. J’étais coincé. Si je lui réclamais du temps, elle m’en voulait et nos rencontres finissaient de plus en plus violemment.

Mais voilà, toi, gars d’aujourd’hui, pas plus éclairé, puisque tu as besoin d’altitude pour comprendre, et 20 ans est une bonne hauteur, tu vois ce que tu ne voyais pas, comment elle t’aimait au point de ne pas pouvoir supporter de te rendre coupable. Et elle trouvera un autre gars, comme coupable idéal, et ainsi venir à toi  sans te charger du crime.