Le lundi 23 janvier 1995

Publié le 23 janvier 1995

Transcription numérique de mes archives pré-numériques :

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Le travail se termine normalement. Nous avons vécu un véritable enfer qui a marqué tout le monde. Nos corps et surtout nos peaux ont vieilli prématurément. Vers 14h, j’ai raccompagné Flo C. qui partait pour Toulouse pendant un bout de chemin. Je trouvais tout de même sa présence motivante et rafraîchissante. Je ne suis pas le seul fatigué, vu la baisse de forme de Christophe M. Cette période de travaux forcés nous a permis de nous rencontrer tous. Exception faite pour elle qui en a profité pour marquer son éloignement de moi. C’est un sentiment, pas un fait. C’est très désagréable de noter le mouvement de recul qu’elle a lorsque nos corps se frôlent. Autant F. se frottait chaque fois que nous travaillions côte à côte, autant elle me fuyait comme si j’étais contagieux.

J’ai la nausée quand je pense à la somme extravagante de projets que nous avions ensemble. Toutes ces virtualités qui ne se réaliseront jamais ! Abandon par K.O.

Je suis au tapis.

Je crois que je vis une période très importante de ma vie. Très violente. Le phénomène d’écho se reproduit comme lors du camp militaire. Depuis le début du travail, tout ce que je fais me semble déjà du souvenir. C’est désagréable. Comme si ce que je vivais maintenant n’était qu’un très très vieux souvenir. C’est le signe d’une grande fatigue mentale et physique. J’avais déjà remarqué que mon intuition se développe depuis quelque temps. Elle devient presque fonctionnelle. Comme si je percevais les chaînes de causalités et que j’avais le choix entre plusieurs comportements face aux événements. Je me rends compte que deviner ce qui va se produire dans l’immédiat, par probabilité, donne une grande liberté d’action.

Je suis de plus en plus persuadé qu’elle me cache des pensées me concernant. Je me vois maintenant comme un monstre dans son regard. Et ce monstre, je ne le connais pas. Je ne lui pardonnerais jamais d’avoir joué malhonnêtement à sens unique. Elle croit se protéger d’un danger qui n’existe pas. Quel mal pourrais-je donc lui faire ? Elle ne se rend pas compte qu’elle protège farouchement les causes même de son mal-être. Où de sa confusion. Elle a failli me faire croire que ma vie allait changer. Que le cycle des douleurs était terminé. Raté. La vie est redevenue aussi abjecte qu’il y a dix ans. Je ne pensais pas redevenir aussi malheureux. Je commence à croire que toute ma vie sera ainsi. Sans issue. Je n’y tiens pas…

 

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