Qui est Willem ? Pour moi…

Publié le 4 février 2013

fredfallo-218x300Le dimanche 3 février 2013, le dessinateur Willem devenait le 41e président du Festival international de la Bande dessinée d’Angoulême.

L’anecdote commence comme ça… Je dois suivre la cérémonie de remise des prix du 40e festival de la bande dessinée, la filmer et tweetter les résultats en temps réel. C’est juste avant de rentrer dans la salle que j’apprends que le grand gagnant de cette année et donc le président de l’année prochaine est Willem. Je suis surpris, mais prudent. Je trouve ça si surprenant que j’ai un doute sur la véracité de l’information… Mais à la fin de la cérémonie, quand Jean-Pierre Dionnet et Pierre Lescure prononcent enfin son nom, il me vient une émotion inattendue. Je suis ému !

Et c’est le sujet de ce billet anecdotique… Qui est donc Willem, pour moi, pour que cette annonce me touche ?

Willem est un dessinateur de presse et de BD, mais aussi un grand amateur de micro-éditions et autres productions alternatives dont il est devenu l’un des plus grands spécialistes. De très nombreux auteurs lui doivent leur première mise en lumière. Il est de notoriété publique, dans ce petit monde du dessin narratif, qu’il porte un œil bienveillant à tout ce qu’on lui adresse, fascicule photocopié, machin bancal, torche-cul et autre première production inavouable.

De plus, sa bande dessinée reste un « must » parmi les collectionneurs de bizarrerie par sa rareté même et aussi par la crudité des images et des histoires. Mais je suppose que le Web va se remplir de tout et n’importe quoi sur lui, donc ce ne sera pas mon propos. Non, je vais rester autocentré et me demander pourquoi c’est son élection à lui qui m’a tant touchée.

Je réfléchissais à ça, en marchant, et brusquement je me suis souvenu ! Le premier dessin de presse que j’ai vu de ma vie est un dessin de Willem ! Je crois, mais je n’en jurerais pas, que c’était à propos de Franco. L’Espagne n’était pas encore une démocratie… Je me souviens même vaguement du contexte : une réunion familiale, chez mes parents, et mon oncle qui laisse trainer ses journaux dans le salon. C’est par cet oncle que Charlie et Hara-Kiri sont rentrés dans ma vie, et moi qui lisait déjà tout ce qui me tombait sous la main, ce jour-là je tombe, c’est le cas de le dire, sur cette grande page blanche mélange de textes et de dessins étranges… Et c’est donc ce jour, à un âge précoce incertain, que le style graphique de Willem, inimitable, me rentre dans l’œil pour ne plus jamais en sortir

enrageJe vais vite apprendre à me servir de l’inattention des adultes pour consulter ces journaux. Lorsque nous allions chez cet oncle, toujours le même, je m’enfermais dans une chambre inutilisée dont le sol était couvert de ces publications en vrac. Je vais très rapidement détecter ses étranges strips (les aventures de « Fred Fallo » ? Me souviens pas…), dont l’intrigue m’échappait, mais pas le contenu explicitement libidinal ! Le choc aussi, de lire dans un « vrai journal » une BD avec des « fautes »… Les dessins de presse, je ne les comprenais pas. Mais les pédagogues comprendront-ils un jour que ce que l’on ne comprend pas est souvent plus important que ce que l’on comprend ?

Mais voilà d’ou venait mon émotion : Ce dessinateur m’a accompagné toute ma vie !

Et tant mieux, car Willem est un grand graphiste, comme souvent les [à priori] mauvais dessinateurs (Go Nagai au Japon) et un auteur singulier, infiniment plus singulier que la très très grande majorité des auteurs de BD, art de l’ennui visuel par excellence. Infiniment plus singulier et plus important, historiquement, que la plupart de ceux qui ne vont pas tarder à lancer des polémiques pernicieuses sur ce choix si étrange. Mais pas besoin de le défendre. Il reste dans mon oeil, définitivement, comme une imprégnation première, et ne doit pas être pour rien dans mon goût de l’étrange, du bizarre, du dessin « non conventionnel » comme il a des armes…

Je suis donc incroyablement content de ce président enfin méritant, même si j’aurais aussi approuvé qu’un Akira Toriyama s’y colle !

4 comments

  1. Moi aussi ça m’a fait quelque chose. Ce qu’il y a de bien avec cette surprenante mise en lumière c’est que ça va sortir Willem des griffes des spéculateurs. Non?
    Enfin la totale disponible en édition économique et populaire! Cet homme ne mérite rien d’autre. Puissent ses petits dessins se répandre partout sur la planète.

  2. […] partage ça sur facebook, je découvre une couverture des Cahiers du cinéma dessinée par Willem (que j’aime tant) ! Mais ce dessin, étonnement peu stylé  « Willem », est surtout le protagoniste […]

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