La mort prématurée d’Annemarie Schwarzenbach fait partie de ces morts ironiques que certains collectionnent pour en faire des livres. Une fille de la grande bourgeoisie suisse, obligée de faire un mariage de convenance pour cacher son homosexualité, dépressive, suicidaire, droguée, soignée par la psychiatrie américaine (sûrement le plus grand danger qu’elle eu à braver), exploratrice de contrées lointaines et austères, rentre enfin chez elle, en Suisse, fait du vélo, tombe et meurt. Ironie. Entre-temps, dans cette courte vie, elle voyagera beaucoup et écrira de nombreux romans (je me demande bien ce que ça peut valoir ?), et donc, photographiera tout ce qu’elle voit.
Ce qui donne un de ces corpus étonnants, document rare d’une époque révolue, et ceci même si Annemarie Schwarzenbach reste une photographe modeste, et son album disponible en ligne sur Wikimédia ici, passe de la photo de famille au reportage, avec des moments de grâce comme en connaissent tous les photographes compulsifs. Elle voyageait parfois avec Ella Maillart, autre bourgeoise désœuvrée qui part loin se désennuyer, mais qui semble être, elle, plus solide photographe que son amie. Mais j’aime toujours autant l’idée même de la disponibilité de ces bases merveilleuses. et malgré tout, dans cette collection ouverte, de la poésie, de l’humanité, de l’étrangeté… Que demander de plus ?
À noter que sa vie est évoquée dans Le voyage au Kafiristan de Donatello Dubini (2001), ce qui me permet improbablement d’inscrire pour la 2e fois le nom de cette contrée disparut dans ce blog :