mélancolie

La revanche de la revanche des autrices

La revanche de la revanche des autrices

Franchement, franchement, si j’avais eu une autre vie à disposition, j’aurais aimé travailler sur ce sujet. Quel sujet ? Celui de l’étrangeté, que dis-je, de l’incongruité de cette « Grande Histoire » de la littérature française largement expurgée de sa part féminine. J’en avais eu l’intuition, un ressenti de simple — gros et vieux — lecteur, mais Continue reading La revanche de la revanche des autrices

Le Signal de Sophie Poirier

Le Signal de Sophie Poirier

Lecture charmée du roman de Sophie Poirier, Le Signal chez Inculte, chronique d’un amour pour un immeuble d’habitation mis en danger par l’accélération de l’érosion des côtés seulement quarante ans, courte vie, après sa construction. Le texte est accompagné de belles photographies d’Olivier Crouzel. Entre Urbex et Casares, entre art contemporain et chronique sentimentale, le Continue reading Le Signal de Sophie Poirier

La fille croquée par un ours

La fille croquée par un ours

Sur Croire aux fauves de Nastassja Martin chez Gallimard, 2019 Ça pourrait être un conte de Noël, d’une David croquée, ou d’une sorte de capitaine Achab pardonnant au Léviathan, mais c’est « juste » un récit exutoire d’une anthropologue spécialiste des peuples arctiques qui a eu l’effrayant privilège de se battre avec l’ours et d’en revenir vivante. Continue reading La fille croquée par un ours

La bien triste histoire de Goya, la chienne croate, qui passa une année heureuse à Angoulême.

La bien triste histoire de Goya, la chienne croate, qui passa une année heureuse à Angoulême.

Avant le grand confinement général, je préparais deux expositions de mon travail photographique de ces dernières années pour la fin du printemps. Ces expositions, l’une à l’Alpha, Médiathèque du GrandAngoulême, et l’autre au Musée des Beaux-Arts d’Angoulême en aimable partenariat avec Les Courts Tirages (une 3e plus tard à La CIBDI), devaient clore ma résidence photographique. Continue reading La bien triste histoire de Goya, la chienne croate, qui passa une année heureuse à Angoulême.

Photos retrouvées des souvenirs sans photo

Photos retrouvées des souvenirs sans photo

La photographie familiale est une photographie fétichiste. Exclusivement fétichiste. Fétichiste (acception postcoloniale), au sens que l’objet photo ne vaut que par ce qu’il représente. Une photographie familiale n’est pas une image pour l’image. Juste une trace des moments morts, et un jour, des morts eux-mêmes, support parfait de la mélancolie. En cela, elle est proche Continue reading Photos retrouvées des souvenirs sans photo

La tombe d’Ozu

La tombe d’Ozu

Allez, on s’approche dangereusement du solstice d’Hiver, c’est à peine si le jour se lève, ça tombe encore autour de moi, alors pourquoi pas un billet d’humeur noir comme une tombe.  Sur facebook, encore, un ami facebook, donc, de ceux-là qui soi-disant seraient de piètre qualité, et pourtant jamais avares de partages poétiques, l’un donc, Continue reading La tombe d’Ozu

Under-solstice

Under-solstice

Décembre triste, de la lumière absente qu’on compense par de la bouffe obèse. Mois du solstice glauque et des fêtes obscènes, les seules dont on devrait dispenser les adultes. Et dont les adultes devraient se dispenser par décence. (Mais que deviendrait l’économie puisque le peuple s’y saigne en laideries et inutilités. Et que deviendrait la Continue reading Under-solstice

Sur notre pire

Je me suis rendu compte aujourd’hui, en lisant les réactions collectives, que ma relation à la Seconde Guerre mondiale et à la Shoah n’était pas passée par Claude Lanzmann, mais directement par les contes familiaux, par des photos anciennes, par, dans un corpus gris-vert indifférencié, le cinéma cathartique de l’après-guerre qui me provoqua parfois des Continue reading Sur notre pire

6 heures

Ce matin, le soleil n’a pas encore passé la cime de l’immeuble d’en face. Une brume légère adoucit la vallée. Fraîcheur presque froide sur la nuque. Quelques pigeons entre deux airs. Pas de martinets ? Ha si, en plissant des yeux, ces minuscules éclats sombres plus haut, loin, reconnaissables à leurs trajectoires triangulaires, vives et sèches. Continue reading 6 heures

Babylone Crevel

Babylone Crevel

Crevel écrit rococo, long poème qui s’emberlificote en volute, hésite à se faire roman. C’est beau et kitch comme un napperon délicatement posé sur une vieille TV, un peu poussiéreux, mais pas trop, moderne et s’éloignant déjà, loin. On peut avoir le goût des choses fanées. Comme moi peut-être, habitué aux écritures anciennes. On peut Continue reading Babylone Crevel

Le Janus Stark de Francisco Solano López

Le Janus Stark de Francisco Solano López

Sur le chantier de l’exposition « Marsam international comix #2« , voyant mon camarade Elric Dufau se glisser derrière une structure en bois s’écartant à peine d’un mur, je le traite un peu légèrement de « Janus Stark ». J’ouvrais alors, bien involontairement, un gouffre générationnel, et je me retrouvais en devoir d’expliquer qui était « Janus Stark » à quelqu’un Continue reading Le Janus Stark de Francisco Solano López

Hier aujourd’hui

Hier aujourd’hui

Hier, claire conscience que les jours précédents avaient été comme ouatés, comme anesthésiés moralement quand m’est tombé derrière la nuque, en masse d’acier, ce soudain accès de mélancolie. Et ensuite une fatigue tout aussi brutale, profonde, qui m’a fait fuir la petite fête, vite, sans même sortir le reflex. Et le matin suivant, ce matin, Continue reading Hier aujourd’hui

Requiem Pour Le Temps Present

Requiem Pour Le Temps Present

Cette musique… je ne peux pas dire que j’ai de grandes relations avec la musique en général, mais celle-ci me provoque un mélange inextricable de réminiscences, autour de mon enfance, de sons, d’images, d’ambiances et de fictions…

Les photos de Paul #2 : une romance

Les photos de Paul #2 : une romance

L’été dernier, j’ai consulté et scannérisé les archives photographiques que mon grand-père paternel à la suite de la mort consécutive de quelques membres de ma microscopique famille. Ce grand-père fut toute sa vie un photographe amateur parmi tant d’autres. J’ai entrepris d’écrire de petits articles sur ce fond de photographie familiale. Le premier post sur Continue reading Les photos de Paul #2 : une romance

Côte ouest (de la France), vélo, smartphone & réminiscences

Côte ouest (de la France), vélo, smartphone & réminiscences

De temps en temps, par souci de légèreté, j’utilise encore le smartphone comme appareil photo. Pour faire des photographies « volées », sans s’arrêter de rouler à vélo par exemple, le smartphone est idéal. J’ai appris à anticiper, à le tenir [presque toujours] droit, et à déclencher d’un frôlement de doigt ou grâce au bouton sur le Continue reading Côte ouest (de la France), vélo, smartphone & réminiscences

Vulcain

Vulcain

Ce matin, au réveil, je rentre dans le salon, m’approche de la fenêtre, l’ouvre, et vais m’écarter quand se pose un visiteur rare. Je suis surpris. Je croyais déjà habiter un monde sans eux. Un monde stérile. Je n’aurais pas le temps de le prendre correctement en photo. Il y a 40 ans, je les Continue reading Vulcain

Serré

Mélancolie du milieu de la nuit. Sentiments désagréables d’être encore perdu. De rester troublé, comme les eaux sales. Dans des douleurs impures, inconfortables. Inconsolable, irrécupérable, minable. Gaspillé, jeté, prisonnier. D’une vie dissonante.    

Jusqu’où

Je sais ce que je cherche. Je cherche où est passée ma légèreté. Pourquoi je ne me débarrasse pas de ce chagrin ? Pourquoi revient-il toujours, neuf, à n’importe quelle heure, et la nuit parfois, jusqu’au malaise. Pourquoi ?

Dans ce rêve

J’étais dans la maison familiale. Deux scènes se succèdent, comme la répétition d’une seule : mon père entre, il est dans la force de l’âge et porte un pull à grosse maille beige avec le col un peu haut. Je ne sais pas s’il a eu ce genre de pull. Mais il est ainsi, respirant de Continue reading Dans ce rêve

Les arbres

En glissant le long du paysage, les arbres se perdant dans l’atmosphère fermée de l’automne, je me suis souvenu que j’avais beaucoup aimé Corot. Et je me rendais compte, enfin, que je l’aimais encore.