J’aime beaucoup ce petit catalogue (à double sens) d’Annette Messager qui a redessiné des panneaux d’interdiction collectée dans l’espace public. Geste d’extrême pop, qui s’approprie le graphisme le plus trivial, celui de la signalétique, et sarcasme politique, je me demande si cette série, ou collection, ne fonctionne pas mieux encore en livre qu’en accrochage.
Fumeuse invétérée, et donc sensible aux brusques sursauts autoritaires de notre société hygiéniste, Annette Messager tout à sa collecte d’interdit, y voit avec justesse l’indice affichée d’une dérive psychorigide. Mais un peu déçu qu’elle n’y lise pas, en miroir, l’affichage des mœurs humains en liberté. Si on interdit de pisser dans la rue, c’est qu’on y pisse, s’il est interdit de baiser dans le spa… c’est bien parce que ! Etc.
Je préfère donc y lire un contre-autoportrait réjouissant de notre espèce en singe indécrottablement anarchique.
« Interdictions », aux éditions Dilecta, 2014