Je regarde ce très beau film de Kleber Mendonça Filho, Aquarius, et je ne sais pas pourquoi, me demande si l’immeuble des années 40 face à la mer existe, ou si tout ça a été rasé depuis longtemps ? (Mon ami de Recife me répond : oui, elle existe)
Passons ! Passons aussi rapidement sur son utilisation politique, qui n’appartient pas vraiment au film, mais à sa réception conjoncturelle. Et même si mes amis brésiliens m’ont souvent parlé de la situation politique de leur pays, je me garderais bien de m’avancer sur le sujet. Je ne peux donc que recevoir l’objet esthétique.
Et l’objet est beau. Pourtant, je n’arrive pas à me le dire totalement réussi. Quelque chose de trop linéaire ? Et aussi un trouble du discours, qu’on peut bien simplifier par le commentaire, mais qui, de fait, reste trouble. Et peut-être est-ce ce trouble qui permet son instrumentalisation politique ?
Et c’est un paradoxe, car j’en garde un souvenir limpide, limpide comme sa lumière, limpide comme ces moments d’extases visuelles, comme cette manière miraculeuse de filmer les rêves.
Et même si j’en garde aussi un trouble de réception, devant une symbolique qui m’échappe parfois ou qui n’est pas totalement maîtrisée dans l’accumulation des problèmes sociétaux (problèmes de riches) à peine relevés.
Paradoxe supplémentaire, ce bordel de discours sous-jacents, à peine esquissés, glissants et contradictoires, participe sûrement au réalisme du film — la vie est ainsi —, mais me garde à distance, m’empêche l’enthousiasme total. Et je ne suis pas en train de réclamer pour chaque œuvre un discours clair et manichéen (sûrement pas ! Je préfère même le contraire), mais au bout du compte, au bout du film, en particulier avec cette petite vengeance foireuse de la fin, irréaliste, puéril, mais réaliste dans sa maladresse, je reste suspendu, incertain, déçu devant les promesses esthétiques et les plans intelligents qui accouchent… d’épisodes de telenovelas.