Je ne suis pas franchement rentrée littéraire. Pas franchement. Mais voilà, convaincu par ses trois précédents livres, j’ai fait un truc complètement dingue : j’ai commandé le nouveau livre de Julia Deck le jour même de sa sortie ! Dingue ! OK, je me rattrape en tardant à publier ce billet. Mais voilà, j’ai trouvé chaque précédent livre de Julia Deck pertinent, intelligent, éclairant chaque fois une nouvelle subjectivité contemporaine tout en parodiant « de biais » les genres mauvais. Mais le grand choc était (et reste un peu encore) le dernier d’avant celui-ci, le « Sigma » et sa « théorie du complot » qui gratouille là ou ça fait mal à la bourgeoisie d’aujourd’hui dont les enfants sont tout aussi dindons que le dernier des lumpens-esclaves.
Si je trouve ce nouveau plus léger, il a pourtant une vertu, c’est d’afficher clairement l’autrice comme satiriste. Oui, c’est clair, lisible, « Propriété privée » se moque. Julia Deck se moque. Et la satire assumée est un plus, et un moins peut-être en premier degré. Quelque chose comme ça qui me fait le prendre pour moins important que le précédent. Pourtant, Julia Deck y aborde encore une plaie actuelle et dévoile encore des vanités et des ridicules particuliers. Et il faut bien dire que c’est agréable. Évidemment, il m’est d’autant plus facile de rire (des personnages) que je ne fais pas partie de la classe moquée, et que j’ai fui comme source de tous les maux ce désastreux modèle pavillonnaire qui est encore en expansion. Enfin, le sujet est précis, rétréci, une pulsion urbaine très actuelle d’une part cosy de la population. Un sujet peut-être moins important que le précédent, donc, et peut-être plus conjoncturel. Peut-être, sans certitude, mais ce livre-ci est encore pertinent, encore intelligent (le mari repoussé à l’arrière-plan, flou, démonétisé, et pourtant apportant, par son intérêt pour l’anthropologie, le programme du livre en son centre même), et vraiment très drôle, ce qui ne gâche rien. Le livre est concis, bouclé, maîtrisé sans rigidité, porté par une écriture évidente (ce qui est une grande qualité), et là, franchement, je ne sais pas si c’est utile de citer des films, des séries, ou des livres ? Peut-être juste noter pour moi que Julia Deck semble aujourd’hui, avec quelques autres, prendre en charge le contemporain, le vrai contemporain, pas le fantasme parano « bien de chez nous » éructé par quelques névrosés médiatiques.
Et puis c’est tout. C’était drôle, j’y pense encore parfois, Juste, et je lirais le prochain.