J’ai souvent culpabilisé, d’utiliser ce qui m’arrivait pour faire de l’esthétique. Mais c’est prendre le phénomène à l’envers.
On m’accusait de deux crimes : utiliser ma vie, et donc la vie de mon entourage, pour faire de viles formes esthétiques, donc, utiliser une chose lourde, grave, la vie, pour faire des choses futiles et narcissiques. C’était un crime, un vol, une appropriation de quelque chose qui ne m’appartenait pas (tu utilises tout !).
On m’a aussi accusé de faire ces formes pour tenter de fasciner, de manipuler même, et d’obtenir donc un « effet » sur la réception.
En fait, ces deux buts, utilitaires, sont des accusations sans fondement, qui n’ont pas eu lieu, et n’ont jamais lieu. Et d’ailleurs qui sont si dangereuses qu’elles remettent en question l’intégralité de la culture humaine. Alors, tout artiste est en accusation, et que reste-t-il ? Plus rien.
Non, la vérité de l’œuvre, au sens générique de forme produite, est la catharsis, juste, simple, et ceci, les Grecs anciens le savaient déjà. Et c’est étrange qu’il faille chaque fois le répéter à nos contemporains.
La sœur de David Benito, psychologue, et contre l’avis de ses collègues, à dit à Fabrice « Et lorsque tu as fait paraître le premier tome, tout était réglé, non ? » « Oui, c’est vrai, quand le premier tome est paru, l’histoire était enfin résolue… » « Et bien voilà, tu n’as aucune question à te poser, tu n’es pas fou, pas parano, pas maso, je t’emmènerais voir des « vrais », si tu veux comprendre, et donc pas déviant, tu as juste formulé « ton » problème, et sa mise en forme l’a réglé… Tu es un artiste, juste… »
Oui, voilà, j’ai encore cette saleté de culpabilité, lorsque j’écris un dialogue, qui devenant forme, sous mes yeux, se règle et enfin, m’aide à gérer ma vie. Voilà ce qui me manquait, ce blog, qui est à la fois une forme esthétique, donné à qui veut passer par là, mais qui m’aide tant à gérer ma vie…