Revu Blade Runner, l’original, dans la version… heu… je sais pas trop. Wikipédia dit qu’il en existe 8 versions ! 8 ? Pourquoi ? Haaaaaa ! c’était donc l’un des premiers films « produits marketing », dont les versions ont été testées sur un public choisi avant diffusion !
Avec ensuite, pour vendre, revendre, rerevendre, la pseudo polémique sur la version du réalisateur ! Ha !
Alors, j’étais dans la salle à l’époque, et j’en ai un bon souvenir, fun, romantique, mais il me semblait qu’il y avait une insupportable voix off ?
J’étais, bien avant sa sortie, un gros lecteur de Dick. Je n’ai aucun souvenir d’avoir fait un quelconque lien. C’était autre chose. Mais j’étais ado et c’était de la SF, et ça me suffisait.
Aujourd’hui, je regarde ça d’un oeil distrait, l’histoire étant lessivée depuis longtemps, et je suis frappé par une chose, LA chose la plus GROSSE du film : C’est juste un pastiche 80 d’un polar 40 ! Juste ça, rien de plus, sans une once d’invention, et la SF y est dérisoire : des voitures de flics volantes, mais juste décoratives, sans rôle, et des androïdes si parfaits qu’on ne les distingue en rien des humains. Sont juste un poil plus forts… La belle affaire ! Et ma cervelle tordue s’est mis à jouer, tout le long du film, calquant sur l’image 80 l’image 40 fantômes, retrouvant les traces du polar classique, remplaçant la SF par des bouts de fictions réalistes équivalentes. Et ça marchait mieux. Et ça rendait le film inutile. Et ça dévoilait sa vérité. Et je suis incapable de le classer au rayon SF, maintenant.
Une petite voix me dit, « tu le savais. C’était dit, c’était le projet esthétique, avec les contre-jours, les fumées, les ventilos, le look du blade runner… » Oui, OK, mais à ce point ? À ce point qu’il ne reste rien d’autre ? 45 ans plus tard, avec l’éloignement, ce film se rapproche de ses modèles, et vient s’y fondre, tranquille, en « polar tardif » sans originalité.
(Mais j’aurais dû m’en douter. Je sais maintenant qu’on plongeait en postmodernité, et les autres films qu’Hollywood nous envoyait, à l’époque, étaient tous des pastiches du cinéma 50′)
Noter au passage le changement de sensibilité sociétale : la scène la plus romantique tombe aujourd’hui « sous le coup de la loi » dans pas mal de pays.