Corben, c’est du pulp vulgos et facile, outrance corporelle, comme les expansions de César, habillant du vide sémantique, voire quelques rabâchages de genre. Comme je ne suis pas un bourgeois, je n’ai a priori rien contre. Et dans l’adolescence, Corben a fait partie de ces choses que je désirais « visuellement », avant d’en être déçu à la lecture. Pourtant, comme beaucoup, je l’attendais la sortie de ce Den mythique aux Humano ! Il se murmurait qu’il avait mis 5 ans pour le dessiner, le «grand-œuvre» du grand Corben ! Tout ça pour ça ? Juste de la forme, laborieuse, mélange de maladresse et de prétention. Mais la BD peut aussi ne raconter que ça, de la forme. Et la BD de genre ne fait rien de moins et rien de plus que les autres littératures de genre : rabâcher de bonnes grosses ficelles en se vautrant dans une fange idéologique aussi nauséeuse que (faussement) naïve. Ainsi, Corben rabâchait (oui, pour les choses plus récentes, il n’est plus qu’un dessinateur de comics très conventionnel) des scénars mille fois lus de fantaisie mâtinée de lovecraft, d’horreur baroque ou SF, déclinant les trucs et les tics des pulps antérieurs, mais en plus gros, en plus rond, en plus massif, en plus brillant aussi. Il y a bien sur cette obsession post-apocalyptique à la mode du temps, ce temps 70′ où l’on vendait des abris antiatomiques dans chaque rue, et qui passe aujourd’hui, surinterprétation, mésinterprétation, pour une forme de conscience écologique minimum… Bof (beauf dirons certains).
Enfin, Corben n’est donc rien d’autre qu’un interprète génial d’une bonne vieille grosse chose qui rode dans les bas fonds de l’imaginaire populaire (américain particulièrement), genre qui a sa noblesse de ses beautés. On y est sensible ou pas. Je dois avouer qu’avec l’âge, le goût m’en est passé.