De temps en temps, par souci de légèreté, j’utilise encore le smartphone comme appareil photo. Pour faire des photographies « volées », sans s’arrêter de rouler à vélo par exemple, le smartphone est idéal. J’ai appris à anticiper, à le tenir [presque toujours] droit, et à déclencher d’un frôlement de doigt ou grâce au bouton sur le côté.
Même s’il y a maintenant une saleté dans son optique gadget qui produit une petite tâche sombre, son usage me permet de jouer avec les filtres et avec les réminiscences qu’ils provoquent. Comme, par exemple, évoquer cette petite photographie de ma grand-mère (à gauche) pendant une promenade à vélo prise par mon grand-père paternel à l’époque de leur rencontre. Je construis ainsi un étrange pont temporel entre deux époques lointaines, entre persistance des formes, pratique de la photo souvenir/romantisme intact de la promenade à vélo, et gouffres générationnel et technologique…
Avec un filtre numérique noir et blanc crachouilleux (modifié et amélioré selon mon goût : un peu plus dur que les photos de mon grand-père)), imitant les aléas techniques du matériel bas de gamme des années 40 et des tirages papier minuscules, je ramène un petit reportage troublant d’une promenade sur une piste cyclable parfaitement contemporaine glissant au bord de l’océan Atlantique (environs de La Rochelle).
Petit surplus de trouble temporel parfaitement inattendu : la découverte au bord de la piste d’une collection de jolies petites villas modernistes toutes neuves jouant leurs propres jeux de réminiscences, entre les années 20 de Mallet-Stevens, le modernisme californien, où même la parodie de « Mon oncle » de Jacques Tati…