Daniel Bourrion contre le grand palimpseste

Publié le 17 octobre 2025

Daniel Bourrion, Le pays dont tu as marché la terre, Éditions Héloïse d’Ormesson

Court texte miraculeux, suspendu, hors tout, beau geste tout de tensions et d’élégance, comme pour contredire Marguerite Yourcenar à la si riche généalogie ; « les miséreux laissent rarement des traces sur les parchemins », dit-elle. Alors, inscrire trace dans un tout petit livre paradoxal monument à l’un, homme, qui a laissé à peine un sillon de voiturette sans permis dans la poussière d’un chemin de traverse. Hors lui, le sujet, l’homme sans trace, Daniel Bourrion lui construit un sanctuaire de papier, petit et dérisoire oui, mais réel, tangible, autour d’un bout de mémoire lacunaire, retissant les filandreux souvenirs de cet Huckleberry Finn très personnel. Et la langue, archéologique évidemment, n’oubliant ni les accents intérieurs irréductibles à l’éducation, ni les idiotismes résiduels, ces singularités d’un coin de terre marché.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.