Dimanche 12 avril /2

Publié le 12 avril 2009

Cette semaine, coupé en deux par l’enterrement de Bernard, j’ai entendu, dessous mon bureau en mezzanine, A.L. dire que « je pouvais dessiner, mais que je n’avais pas le temps », puis-qu’entièrement accaparé par la construction d’un portail Web pour la ville. Je n’ai pu retenir une colère idiote.

Et cette tristesse qui me traverse à chaque fois que je me retrouve encore dans le malentendu. Il y a un an, j’ai cru en sortir un peu, ou plutôt je me suis dit que j’avais un angle de tir, pour le rectifier ce malentendu, justement. Après quelques mois d’attente, pour ne pas passer pour l’un de ces exécrables courtisans qui se sont précipités sur la nouvelle équipe, j’ai entrepris de communiquer, par mail, par lettre, pour dire, le plus clairement ce que je suis, ma situation et ce qui pouvait advenir, les collaborations possibles…

Je déteste dessiner. C’est si étrange. Qu’est-ce que je manque ? J’avais un dessin académique, empesé et sans imagination. Dans une vie d’art plastique, j’ai dû sincèrement prendre du plaisir une ou deux fois… et surtout, je n’ai pas le souvenir d’avoir jamais aimé ce que je faisais. Mon goût est trop formé pour ne pas voir l’inintérêt de ce que je produisais.

Pour cette partie de ma vie, ce que produit Céline sous mes yeux me comble. J’ai parfois des velléités, des débuts d’envie de reprendre la peinture, mais je me souviens toujours très vite du profond ennui que me provoquait cette pratique et de la nausée qui me vrillait lorsque les vulgaires s’extasiaient.

Tristesse qui me prend, et qu’on prend parfois pour de la timidité dans mon environnement professionnel… Cette tristesse m’écrase, m’empêchant une communication sociale correcte.

De plus en plus, je me sens déficient. Oui, dans cette année qui vient de passer, je me suis posé des questions, sur moi, et sur un possible « engagement » de ma part… sortir de ma réserve et participer… mais je suis si loin. Même si je les trouve tous si adorables, si charmant, je me sens si loin. Je sais aujourd’hui que j’avais tort, enfant. Je croyais n’être bon à personne. Je suis en fait très apte à servir.

Mais pour qu’on s’intéresse à ce que vous savez, ou pensez, il faut ne savoir rien faire. Malédiction des poncifs sociaux.

Et puis, mures réflexions, je m’interroge sur l’accointance possible entre mes préoccupations théoriques, mes jugements esthétiques, mes réflexions historiques et la gestion locale, l’action publique… Et je me tais, je m’escamote, et pense peut-être, sans certitude, que le malentendu me protège encore.

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