Lecture un peu effrayante du dernier texte de Pier Paolo Pasolini avant d’être assassiné. Texte étrange sur une jeunesse assassine : « Au pire, ce sont de véritables criminels. Combien sont ces criminels ? En réalité, presque tous pourraient l’être. Il n’y a pas un groupe de jeunes, que l’on rencontre dans la rue, qui ne pourrait être un groupe de criminels.{…} Leur silence peut précéder une anxieuse demande de secours (quel secours ?) ou bien un coup de couteau.»
Me rappelle mon trouble à la lecture d’une nouvelle sur l’immortalité d’Henri Rivière qui décrit des têtes coupées au bout de longues pelles de boulanger qui évoquent sa propre tête qui sera promenée au bout d’une pique par des Chinois furieux… Il faut décidément faire attention à ce qu’on écrit.
Et les derniers écrits sont souvent les moins bons.
Et j’ai du mal, en vrai, j’ai du mal à retrouver mon souffle ici, après la prise de conscience… J’ai compris ce week-end — pourtant, je le savais déjà, mais la conscience est toujours à étage — donc pris claire conscience que mon meilleur texte ne serait lu par personne… Oui, le texte source, caché derrière mes blogs, le texte le plus sincère et le plus inspiré ne peut pas être diffusé. J’ai compris, et depuis une boule dans le plexus et une tristesse qui s’accroche à mes yeux.