Le retour de la littérature se confirme. Je regarde de nouveau les livres. Évidemment, ma lecture a encore changée.
Avant, n’importe quel avant, j’aurais été épaté par Musil, par exemple, comme j’aurais été surpris de trouver des échos à quelques billets anciens d’ici chez Lars Lyer.
Mais je crois que le mal de l’écho littéraire contaminant le réel est plus grave encore que ne le pense Lars Lyer, puisque son pamphlet n’échappe pas à l’immédiate métalecture, classification tranchante comme un coup de sabre japonais. oui, nous sommes…
Non ! Je ne peux même pas m’adonner à la facilité des bêtasses formules de la réaction : «nous sommes décadent, car trop culturel», «plus qu’écho grossier d’une chose déjà écrite», etc.
C’est vrai. Hein ? C’est vrai, oui ça semble vrai… Sauf que la petite voix ironique, derrière, me dit à quel point c’est idiot, vérité à oeillères, et qu’il y a partout sur les côtés, au dessus, au dessous et derrière, le grand horizon, grand pour nous, car pour le reste de l’univers il est presque rien, l’infinie mélodie, croisement de mélodies, vaste champ sonore, océan chaotique des échos culturels de toute vie humaine.
En gros, rien à voir avec la littérature, si nous ne sommes plus qu’écho de la littérature, mais tout à voir avec la nature même de notre espèce.
De la même manière qu’il ne restait plus aucun espoir à Debord lorsqu’il découvre enfin que le spectacle est l’essence de l’humanité. Sa vérité première et dernière.
Il n’y a rien, pour nous, en dehors de nous.