Histoire gombrowichienne (vie de chienne)

Publié le 28 février 1995

Transcription numérique de mes archives pré-numériques :

 »

22 h 45

Postulat :

— Elle vit avec ce mec, maintenant.

— Je l’aime toujours.

— Elle vient toujours me voir.

— J’aime lire les actes manqués.

Je suis chez ce mec. Il n’est pas là et je discute avec elle. Il arrive. Il est 19 heures et je dois rentrer chez moi en vélo. Nous parlons de mes mains qui étaient violettes quand je suis arrivé. Il compatit et propose de me prêter une paire de gants en cuir. J’accepte, car, viens de me traverser l’esprit une petite pensée séduisante. Doucement, cette pensée se précise accompagnée d’une délicieuse satisfaction intellectuelle. Je me souviens des analyses lacaniennes et je pense : le gant s’enfile sur la main. Une paire de gants, ça ne se prête pas. C’est d’ailleurs peu hygiénique et presque indécent. Ça ne se prête pas plus qu’on « prêterait » la femme qu’on aime. Dans ma petite tête, ça devient beaucoup plus amusant d’enfiler mes mains dans ses gants à lui.

Je pars. Je descends l’escalier en enfilant tranquillement les gants, totalement réjouis par ma petite histoire. Je monte sur mon vélo et au premier coup de pédale, le gars se penche à la fenêtre et me lance « Hé, tu peux les garder, les moufles ! » Apothéose ! Mon esprit explose dans un grand rire intérieur ! Je roule, content, constatant que les gants me tiennent chaud effectivement. Dernière pensée que j’envoie vers lui « Ne t’inquiète pas, elle me tient chaud aussi, bien chaud, profond, et elle me fait tellement de bien que je vais la garder, toujours ! »

« 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.