Le jeudi 26 janvier 1995

Publié le 26 janvier 1995

Transcription numérique de mes archives pré-numériques :

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Je me souviens que vendredi soir elle m’a dit, avant de m’embrasser : “Je t’aime et je ne t’aime pas”.

Elle ne m’aime pas.

Je commence à avoir des réflexes de célibataires. En une semaine, mon carnet d’adresses s’est enrichi de deux nouveaux n° de téléphone correspondant à deux prénoms féminins. Ça ne veut rien dire et pourtant cela fait des années que ça n’était pas arrivé. Et même si ça ne représente rien d’autre que deux charmants sourires qui m’accueillent avec plaisir et m’offrent le thé, c’est prometteur d’expériences lumineuses. Une fille qui t’écoute avec plaisir, s’intéresse à toi, te parle de son travail et de son temps libre, te fait la bise de façon très appuyée, n’est pas une fille indifférente ! Je ne suis pas très agressif, je ne drague pas, et je n’ai même pas le réflexe de chercher à charmer… Je note juste les situations, sans y participer vraiment. En fait, toute chose me rappelant de près ou de loin une « histoire d’amour » me donne la nausée. Le froid, ce froid de la solitude que j’ai ressenti la nuit du Premier de l’an, s’est installé dans ma vie, de manière semble-t-il définitif. J’ai au moins gagné ça : je ne l’attends plus.

La souffrance est moins vive, mais horriblement permanente.

Lorsqu’elle dormait sur mes genoux, dans le taxi, j’ai pleuré sur nous. J’ai fait, ce soir-là, le deuil de son corps, de sa vie et de son âme.

J’aime encore les femmes que j’ai aimées. Je sais donc que je l’aimerais toujours, car je l’ai aimé plus que toutes les autres réunies. Je pense que je n’ai vraiment aimé qu’elle. Je ne comprendrais jamais pourquoi elle cherche volontairement à me faire du mal, comme si elle sentait la nécessité de m’éloigner d’elle. Croit-elle vraiment que quelques petites crasses et réflexions méchantes peuvent effacer les choses immenses qu’elle m’a offertes ?

Personne ne m’avait apporté autant de satisfaction, de bonheur, d’esprit et de lumière ! Je regrette la chaleur de ses yeux complices. Sans eux, je suis froid.

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