Sur En un monde parfait, de Laura Kasischke chez Christian Bourgeois 2010
Imaginez, vous êtes hôtesse de l’air américaine, et vous vous apprêtez à vivre le fantasme, le beau mariage avec le commandant de bord que toutes voulaient. Prospérité, Voiture de luxe, chalet en lisière de bois dans une ville chromo coincé dans ces mythiques années 50 US, vous avez bien un psy et une mère compliquée, OK, mais tout roule fluide vers le conte de fées. Et un virus arrive et déglingue votre monde au fur et à mesure qu’il avance, et les enfants du beau mâle sont de vrais enfants, compliqués, et ils ne vous aiment pas spontanément. Je dois dire que j’aime les ironiques, mais là, le presque premier degré du cliché jusqu’à l’écoeurant, m’a troublé. Je n’avais jamais lu de livre de Laura Kasischke. Il faudra donc quelques détails trop parfaits, et répétitifs, comme cet envol des ballons blancs dans un ciel limpide, et plus loin, le Fleuve moucheté de canard blanc, et encore, cette camionnette croisée sur la voie rapide transportant des volières de colombes immaculées… et toutes ces petites choses trop clinquantes pour être honnêtes qui finissent par rendre perceptible le ricanement méchant de l’autrice. Ce placement si particulier, et cet usage sans frein des pires clichés, et cette lumière transparente d’une photo impeccable d’une production grand public peuvent sûrement provoquer des troubles de la réception.