En cette période électorale, il est amusant d’observer le gars au pouvoir, qui tente de le garder tout en sentant qu’il risque lui échapper, juste parce que le pouvoir s’use, et qui tente tout à la fois de s’en sortir et de se rassurer. C’est très étrange. Ce n’est pas le regard de Gbagbo piégé en tee-shirt blanc, mais il y a déjà au fond du regard tout à la fois quelque chose de cassé et quelque chose qui résiste. Ce type qui est l’une de nos plus graves erreurs de casting s’est lui-même fourvoyé dans ce rôle trop grand pour lui par ressentiment, par pure vengeance, aller, disons le mot. Il est arrivé au pouvoir par ce que l’Histoire jugera comme le premier coup d’État médiatique, financé en se vendant corps et âme à la pire part de la société, et se retrouve piégé par la situation, et tente maintenant de s’en sortir, au moins psychologiquement. Et il n’a pas d’autre choix que d’assumer une possible défaite. Il n’a pas d’autre choix, pour ne pas vivre l’indignité, pour ne pas se retrouver à la merci de ses ennemis qu’il avait très provisoirement étouffés, que d’affirmer qu’il arrêtera la politique s’il perd… Alors même qu’il n’a jamais rien fait d’autre depuis son adolescence… Et donc, d’une certaine manière, qu’il désire l’échec… car un échec désiré n’est pas tout à fait un échec.
Le regard du pouvoir
Publié le 5 mars 2012