Passé ma vie à tenter de comprendre. Une pulsion, une tension, quelque chose d’irrépressible : comprendre. Avec une certaine souplesse mentale, qui permet de changer de point de vue, de ne pas rester campé trop longtemps sur des positions de principes aveuglantes.
Cette impression, pendant des décennies, de faire des progrès.
Bon, voilà, vite, et donc, alors qu’on approche facile du demi-siècle, quand même quoi ! et qu’on peut espérer l’esquisse d’un début de sagesse, où machin approchant… Oui, là, à ce moment, une chose te croise et t’embarque et tu te retrouves vide, à vide, ou pire encore, chamboulé. Tourneboulé. Et tu ne reconnais plus rien. Et surtout, tu ne comprends plus rien. Et tu te retrouves, à peine si tu sais encore mettre un pied devant l’autre, tu te retrouves dans un tel désordre intérieur que tout est à refaire. Sauf que… sauf que beaucoup a été fait, et ce beaucoup n’a servi à rien. Alors, refaire ? Refaire pourquoi ? Alors que maintenant tu sais que la sagesse ne garantit pas contre une étincelle qui à chaque instant peut mettre le feu à l’intégralité de tes maigres certitudes.
Bien dans la merde !
Alors ? Alors rien. Rien justement. Juste ça : tu poses ton cul n’importe où, de préférence devant un paysage, mais ça peut être un mur ou n’importe quoi, et tu acceptes d’être vide devant, vide, vide, et définitivement cloué dans ce vide, comme un vulgaire papillon sur une planche