Ma maison piège

Publié le 16 octobre 2011

Je ne sais plus exactement quand ce souvenir d’un vieux rêve d’enfance récurrent s’est progressivement mélangé avec l’un des plus beaux épisodes de « The Avengers » ( Chapeau melon et bottes de cuir S04 E23 — L’héritage diabolique ). Ce n’était pas un vrai mélange, pas une confusion, mais plutôt une association d’idées comme l’on range des choses cousines dans une boite en carton.

Je ne sais même plus à quel âge c’était… Je rêvais donc souvent que j’étais prisonnier d’une maison de bois, mais de facture luxueuse, les portes et les murs couverts de panneaux assemblés qui devaient résonner avec ces modèles d’assemblages complexes datant de l’apprentissage de mon père qui trainait dans notre grenier. Je me déplaçais toujours de pièce en pièce sans pouvoir en sortir, et au bout du rêve, les pièces se rétrécissaient, les portes devenaient des mécanismes vicieux, et je devais trouver la « solution » pour continuer. Et quand ça se terminait mal, en cauchemars donc, je restais piégé dans une forme de souricière… Le réveil désagréable.

Des siècles plus tard, a l’échelle de ma vie, je ne regarde plus ces souvenirs comme un classement mental personnel, une sous-catégorie de ma psyché parmi le fatras sans nom de mes processus mentaux, mais comme un point de coïncidence formel qui ne m’appartient pas plus qu’à d’autre. car j’en croise des « maisons pièges » de mes cauchemars, dans la fiction et l’imagerie, et je dois donc considérer que mon classement personnel a quelque chose de commun, de largement partagée, et donc qu’il y a la une énigme visuelle qu’on peut bien baptiser : « maison piège »

Et pour dire la vérité, j’ai longtemps hésité à publier ce petit billet, lassé d’avance de l’incroyable énumération possible des maisons pièges, sortant des jeux vidéo et des films de fiction, de la littérature ou de la bande dessinée… Et tout aussi lassé par les poussives et inévitables explications psychanalytiques. Ou encore par la réponse rationnelle : «  mais vous étiez prisonnier de vos draps, monsieur ».

maisons-pieges

Et il faudrait ajouter à mes réticences à écrire ce billet la question lancinante de l’œuf et de la poule… En effet, la maison piège est-elle une variante du labyrinthe si documenté, ou le labyrinthe, vrai concept-poncif, est-il une version conceptuelle de la maison piège ?

Non, pour une fois, j’avais juste envie d’évoquer une image, sans la démonter, sans en trouver l’issue, puisque dans mes rêves, je n’en suis jamais sorti. Et je la laisse comme ça, trahison de la vocation de ce lieu même, comme une image, son inquiétante étrangeté constamment renouvelée…

Alors, je vous abandonne ma boite en carton grande ouverte, avec son étiquette « maison piège », et si ça vous chante, vous pouvez la remplir des vôtres, de vos cauchemars de bois ou de brique, de métal peut-être, et de vos souvenirs de lecture et de cinéma…

0 comments

  1. Je vais réagir à côté, mais je suis assez sensible à l’aspect « les bras m’en tombent » de ton billet, devant le projet de reconstitution des réseaux imaginaires de tel ou tel motif… Il est possible que l’abandon soit notre réponse la plus commune face au caractère souvent démesuré de l’entreprise, qui ne peut débuter qu’à la condition de disposer d’une source, d’un fil conducteur ou d’un mobile un peu solide – ce qui est bien rarement le cas…

  2. En fait, je sais, en forme de clin d’œil, André, j’aurais dû considérer la Maison piège comme un monstre parmi les monstres… Mais je n’y pense que parce que tu as réagi… Donc trop tard !

    Pour te répondre, oui, j’ai souvent des accumulations qui ne mènent nulle part faute de temps ou de motivation, et ces derniers temps, j’ai souvent eu la tentation de les poster ici, pour m’en débarrasser… C’est bas !

  3. et puis quelques plans quelques cartes pour s’y perdre un peu mieux

    http://www.cybergeography-fr.org/atlas/historical.html

    le site est certes daté mais reste fertile et germinatif

    ma grand-mère disait souvent « enfermé dehors »

    c’est une belle image et un beau titre de blog

    « I would prefer not to »

    Bruno

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