Teeth est un petit film de genre parfaitement jubilatoire. Un petit film en apparence très commun, appartenant à ce genre du teen movie standardisé à laquelle l’Amérique nous a trop habituée, si habituée qu’on y est comme chez nous et qu’on s’y ennuie beaucoup. Une fois noté pour l’anecdote que le réalisateur porte un nom célèbre, qu’il est le fils de Lichtenstein, le peintre, on découvre un film malicieux qui a décidé de s’amuser de sa culture et de ses codes avec une certaine distance et une énorme dose d’ironie.
Teeth s’amuse, oui, de tout, de ce mythe rare dans la fiction : le vagin denté où « Vagina dentata » pour les intimes, du tic psychanalytique, du puritanisme des petites villes US et de leur patriarcat obtus. Teeth est un roman d’apprentissage très particulier, très rare, qui inverse l’ordre de la prédation sexuelle sans passer par la métaphore extraterrestre ou vampirique, mais en pourvoyant simplement le vagin d’une adolescente d’une dentition redoutablement contondante. Adolescente qui d’un voeu de chasteté rompu par un viol brusquement « interruptus« , va se découvrir l’intime moyen de se venger de l’incessante pression sexuelle que lui imposent tous les mâles qu’elle croise depuis qu’elle devient une femme, et donc une proie. Le premier plan sur la centrale nucléaire dominant la ville offre une origine pseudo rationnelle à son étrange mutation. Ensuite, à la manière dont la fiction américaine transforme n’importe quelle particularité ou même handicap en super pouvoir, Mitchell Lichtenstein fait de Dawn O’Keefe, 17 ans, une sérial-castratrice parfaitement consciente de son pouvoir nouveau. Et il la lance en ricannant dans un monde de bites toujours trop promptes à pénétrer…