Je ne vais pas vous proposer le énième article sur Rodolph Topffer, inventeur de la bande dessinée, mais sur sa disponibilité en ligne. La Cité internationale de la bande dessinée propose au feuilletage en ligne sa collection d’albums de Rodolphe Töpffer (1799-1846). Je ne m’appesantirais pas sur la solution de feuilletage désastreuse, anti-ergonomique, qui a été choisie, sans compter l’usage de flash, ringarde et inaccessible aux terminaux iOs, mais sur le principe même de la mise à disposition hautement louable. Dommage que la présentation gâche l’initiative ! Mais, malgré l’inconfort et en s’armant de courage pour revenir au début de son feuilletage pour chaque planche qu’on voudra consulter en taille raisonnable, vu la finesse du trait de Töpffer, on peut donc parcourir ce qui est aujourd’hui considéré comme le véritable début « volontaire » de la bande dessinée. En effet, la bande dessinée, longtemps considérée comme le fruit d’une évolution darwinienne des grandes planches de dessins de presse, a maintenant un inventeur reconnu, un inventeur et théoricien qui en dessinant ses récits charmants, voulait véritablement fonder une littérature graphique.
Petit détail amusant, puisque Topffer est un pédagogue, c’est qu’il voit dans sa « littérature en estampe » l’occasion de corriger les dérives morales de la littérature pleine de mots… Il n’imaginait pas que son invention serait un siècle plus tard sur le banc des accusées.
Ce qui est donc remarquable, chez Töpffer, c’est qu’il nous livre un médium nouveau tout entier terminé. Et ce qui est tout aussi remarquable, c’est le temps qu’il faudra pour ce genre nouveau pour accéder seulement à l’honorabilité qu’espérait pourtant son inventeur. Alors, au feuilletage d’arrière-garde, prévu exclusivement pour les écrans d’ordinateur en pleine expansion des tablettes, on pourra préférer le téléchargement de son « Essai de physiognomonie » sur Gallica, livre qui propose donc la première théorie d’une littérature graphique digne de ce nom :