Tori Miki, l’absurde japonais

Publié le 2 octobre 2011

C’est pas la franche rigolade, mais c’est parfois amusant, parfois épatant, et souvent poétique, les planches muettes de la série Intermezzo, de Tori Miki. Encore un qui joue avec tout, et avec le médium, à l’instar du génial Massimo Mattioli et quelques autres, et donc il faut l’ajouter à la liste des sémiologues, avec Ernie Bushmiller, Mattioli déjà cité, Fred, Marc-Antoine Mathieu, Herriman, etc. et cet autre japonais bien moins fréquentable pour les bonnes gens : Shintaro Kago… avec peut-être une dimension absurde et surréaliste qui n’est réservé ni aux Anglais, ni aux Belges, et ce goût pour le changement de point de vue habituel du récit, qui donne lieu a des gags graphiques très réussis.

Pas toujours simple à comprendre, Tori Miki, car quand on joue de l’absurde, on joue avec son camp, avec son champ culturel, pour s’en amuser, et parfois quelques planches ne me sont pas évidentes et mériteraient un commentaire de contextualisation. Par exemple, si tu ne connais pas la coutume du Hanami, tu vas rater complètement le suc d’une planche… Ou si tu ne te dis pas que les Japonais perdent tout à tas de petites choses entre deux tatamis…

Et encore, ça, c’est pour les plus décryptables. Donc, quelques rares planches me sont restées hermétiques. Ce qui est bien moins le cas dans les mangas bavards, évidemment, ou moins absurdes. Mais ne vous inquiétez pas, Tori Miki joue aussi avec la grande culture populaire mondiale, cet imaginaire commun qui nous permet de se raconter des blagues relativement universelles !

Et j’aime bien, et j’aime bien aussi quand c’est un peu bête, car ce n’est pas si désagréable d’avoir un peu honte de l’auteur, une petite honte complice devant la petite poésie un peu niaise du gag. Et parfois, aussi, c’est épatant, pertinent, et même vertigineux. Mais cette inégalité de réussite et de ton est inhérente à l’exercice du strip, qui reste la chose la plus difficile du monde.

Sans enthousiasme excessif, c’est une lecture plaisante et souvent intelligente, qui s’amuse avec la sémiologie de la forme, comme quand la température annoncée par la météo désigne le nombre exact de rayons au soleil dessiné.

 

 

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