Hier soir, j’ai écrit dans un grand état de fatigue. J’avais l’impression d’écrire dans une sorte de brouillard, avec un niveau de concentration minimum. Je n’ose pas me relire…
Bon, ce petit domaine tumblr est beau, et en plus ça commence à fonctionner. Le menu incite les gens à passer d’un site à l’autre. Mais ce qui fonctionne, c’est que ça me restructure. J’ai enfin l’outil de classement que je voulais, et il cumule les avantages, puisqu’au lieu d’accumuler des docs visuels dans un répertoire planqué, que parfois j’oublie, au moins, ça réalise de jolies pages que les gens peuvent visiter, et en plus, ça joue le jeu social de tumblr. Que du bénéfice !
Et surtout, le stade 2 se fait tout seul. Le premier stade, préscientifique, c’est la collecte, l’état naturel du collectionneur (qui n’est pas un scientifique). Le stade 2 est celui de l’archiviste, qui classe et trie, gardant ce qui semble pertinent de garder et jetant le reste. Un collectionneur ne jette rien. Le stade trois est le stade scientifique, c’est à dire qu’une fois qu’on a un corpus trié, on commence à lire ce qu’il y a à lire, on tente d’en sortir du sens… Et là, les stades 2 et 3 arrivent en même temps.
Il y a deux catégories de séries : les séries d’images communes, qui scannérisent l’imaginaire libidinal contemporain (par exemple, la série des baigneuses montre des images sous une eau limpide qui n’existait pas ou très peu les décennies précédentes. On peut donc en tirer des conclusions sur l’évolution technique des prises de vues et sur l’évolution de l’imaginaire d’une classe moyenne supérieure mondialisée, etc.). Et les séries d’images rares, qui démontrent le contraire de ce qu’elles montrent. Par exemple, les voyeuses sont rares, et donc, cette rareté démontre que le regard féminin n’est presque jamais mis en scène. L’histoire de l’art et des images est pleine de voyeur, mais très peu de voyeuse. La femme est regardée, mais ne regarde pas. Cette série démontre aussi ce qu’elle ne montre pas : les femmes ont presque toujours le regard dans le vide, un regard pensif, sur toutes les images du monde. Ainsi, ce site qui semble misogyne vient mettre le doigt (avec une certaine volupté hétérosexuelle, ça ne mange pas de pain…) sur des particularités de l’imaginaire commun qui transite par tumblr. Ça marche. De la même manière, les filles sont en vélo, mais conduisent rarement. Les femmes au volant sont rares, car quand elles sont dans une voiture, c’est qu’un mec conduit. etc. Donc, le tri en série commence à faire sortir des tendances et ces tendances dessinent des choses sur notre cerveau commun.