Je suis un immense courant d’air qui monte de mes abîmes. Au bord, pris de vertige. je tend ma main derrière, cherchant à m’assurer, cherchant…
Je me rends brusquement compte que l’archiviste, c’est moi. Ce gardien du pont, du passage, des ponts de Rome, encore. Franchement, ils auraient pu rêver mieux, comme archiviste… Pas sérieux…
Mais c’est vrai, je me rends compte que je n’ai pas dit. Mon grand-père est donc le [co-]fondateur, à partir du néant et du quai d’une gare, ou une fille avait le choix entre se marier avec un militaire, lui, ou partir comme infirmière sur le front… Mon père est l’aîné, celui qui était bon à l’école, mais qui a dû travailler tôt pour ramener de l’argent. Et je suis l’aîné de la troisième génération. Des deux côtés, d’ailleurs.
Je sais depuis pas mal de temps que je vais devoir me consacrer aux archives photographiques de cette famille. Archives immenses, mur de diapositives qu’a constitué mon père… Il n’y a rien de transgressif dans ce que je fais, en fait, juste une tradition familiale. Avec le Web, j’ai juste élargi la notion de famille… Mais devant l’ampleur, j’ai peur.