Bien avant Alfred Hitchcock, un écrivain français associait le chignon et le vertige. C’est amusant, mais je n’en tire aucune conclusion. Il est hautement improbable que René Crevel partageât le bas fétichisme d’Hitchcock en la matière (mais le symbolisme, oui).
Êtes-vous fous ?, Gallimard, 1929 :
« Elle porte collier de visages en papier mâché, mais son chignon joue à l’arc de triomphe. Ainsi, avant l’ère des nuques rases, toute patronne de bistrot, à coups de guiches, frisettes, franges, boucles, nattes, compliquait, en de chimériques architectures, l’édifice de cheveux et d’orgueil, à même le sol du crâne. Or la dernière auvergnate, penchée sur le zinc d’un comptoir, où se mire sa tignasse bouffie de crêpes, cimentée à la brillantine, étayée de peignes et barrettes, façon écaille, nymphe de gargote, narcisse femelle, mais défiant tout vertigo – elle vous en donne sa parole – car la tête est bonne, certes, meilleure que celle du freluquet sempiternellement penché sur un ruisseau, et, à poils, le chinois de paravent, la graine de propre à rien, à poils, dehors, dès potron-minet, à se regarder, va donc chochotte, les yeux, le nombril et toute la boutique, tant et si bien qu’il a fini par choir dans la flotte, d’où on l’a repêché mort et nu, plus nu que la main, puisque… mais ne me faites pas dire des cochonstés, ma bonne ma chère, fouchtri, fouchtra… »