Je lis en travers « Goku », un manga de 1987 de Buichi Terasawa, l’auteur du célèbre « Cobra ». Je délaisse un peu Musil qui va me suivre longtemps. Il est chiant aussi à se demander « On peut lire les poètes, étudier les philosophes, acheter des tableaux, disserter toute la nuit : mais ce que l’on y gagne, est-ce de l’esprit ? ». Et bien, du coup, puisqu’il n’y a pas plus d’esprit à trouver chez les philosophes qu’ailleurs (je le savais depuis longtemps, mec, je les ai beaucoup fréquentés), je lis des mangas, ramené à la chose par la consultation de la bibliothèque de mon neveux.
Alors, Goku, qui donc s’appelle Goku, comme le roi singe, a aussi un bâton qui s’allonge indéfiniment, comme le roi singe… Ce Goku là est un détective du futur qui évoque beaucoup City Hunter de Tsukasa Hōjō, série commencée deux ans avant. Et donc, ce Goku est aussi l’un des avatars du roi singe du grand classique chinois « le voyage vers l’occident » où «pérégrination vers l’ouest», que j’avais évoqué dans cet article :
Goku est un manga qui a le charme désuet d’une BD de gare haut de gamme à la narration pas toujours très fluide, plutôt elliptique même, malgré tout pas désagréable, avec une ambiance polar mais aussi un truc qui m’évoque « Magnus, l’anti robot« , vieille BD somptueuse et oubliée… Mais ne me demandez pas pourquoi… réminiscence de vieux lecteur. Bon, le dessin réaliste très SF psyché fin 1970’s (avec dix ans de retard) est pas si mal, avec de jolies disquettes du passé dans le futur, mais les intrigues de Goku sont simplistes et surtout prétextes à mettre en scène des femmes aussi plantureuses que dénudées. Oui, classique quoi, et très très proche des obsessions du personnage de City Hunter de Tsukasa Hōjō dont les clientes sont toutes aussi calibrées (lui, j’en parlais ici).
Et à propos de City Hunter, le personnage de Buichi Terasawa, qui lui fait explicitement référence au personnage du roman de Wu Cheng’en (XVIe siècle) par son nom me fait brusquement prendre conscience que je n’avais pas compris que Ryô Saeba (Nicky Larson pour les français des années 90), le héros de City Hunter de Tsukasa Hōjō était lui aussi un avatar du « Roi des singes » classique. Sauf que Tsukasa Hōjō, pour le coup… a filé la métaphore du bâton qui s’allonge de manière bien plus explicite !
Vous suivez ? Bon, mais je n’ai pas ouvert ce billet pour noter que le bâton qui s’allonge de « City Hunter », grand classique du grotesque, faisait de lui une énième version d’un grand classique de la littérature mondiale…
Non, je voulais juste noter qu’à la page 187 du tome 2 VF de Goku, les méchants surgissent juchés sur des monoroues gyroscopiques très proches de ce qui se vend aujourd’hui. Et si ce n’était sûrement pas totalement original, c’était quand même pas mal vu !
Et là, je me dis que cette histoire de monoroue… ça m’évoque quelque chose… Mais quoi ? Ha oui, je sais ! Un article monstre de Patrick Peccatte : https://dejavu.hypotheses.org/1377