Autour et dans les enfers bouddhistes, DC NAROK

Publié le 1 avril 2022

Encore encore encore encore un très gros/beau livre d’images du Dernier Cri, et malheureusement déjà épuisé. C’est le jeu du genre, de ce genre bâtard entre éditions trad. / tirage d’Art à peu d’exemplaires et vite épuisé. Et comme je suis lent, il arrive souvent que je parle dans le vide, donc, ou pour la spéculation, pourquoi pas ? Puisque la rareté fait la valeur, soi-disant… Donc, donc, DC NAROK, gros livre d’images baroques, est un catalogue d’exposition, et quelle exposition ! mais aussi une forme d’essai éclaté sur la rencontre fortuite et très ducassienne de deux esthétiques : ce que je nomme ici parfois baroque post-punk, une imagerie mondiale et populaire, impertinente, grotesque, trash, sexe, cash, qui assume son « mauvais goût » et qui est la marque (au fer rouge) du Dernier Cri depuis 30 ans (environ…), et un type très particulier de parc d’attractions thaïlandais, absolument improbable : Les « jardins de l’enfer », à peu près antithèse des Disney machins et autre Astérix trucs. L’on s’y promène parmi les mises en scène en volumes des péchés et tourments. C’est donc un livre double, reportage photo de Stephen Bessac sur ce phénomène des jardins de l’enfer, et catalogue de l’exposition éponyme qui présentait des œuvres d’artistes internationaux qui narguent leurs cauchemars et fantasmes avec pas mal d’humour. Cette exposition, et la démarche, pourrait évoquer la polémique ancienne maintenant de l’exposition « les magiciens de la Terre », qui en son temps, avait posé la question, aujourd’hui récurrente, de l’appropriation culturelle. Mais il n’y a pas de culture sans appropriation, et croire une appropriation et exploitation possible, c’est avoir une conception essentialiste de la culture, donc raciste, et ne pas comprendre la notion même (multiple) de culture. On pourrait aussi remarquer que ce phénomène local des jardins de l’enfer n’a rien de « pur » ni d’ailleurs d’ancien, et qu’il est lui-même la marque d’une batardisation, assimilation, et synthèse syncrétique pur produit de la mondialisation culturelle. L’exposition Narok ne faisant que marquer la coïncidence, ou même la résonance entre des formes produites par des contextes soi-disant exogènes. Comme si un « exogène » pur était concevable aujourd’hui en matière de forme culturelle, alors qu’il ne l’était déjà plus, pour le monde entier, au XIXe siècle… Mais, la coïncidence formelle ne veut pas dire coïncidence de sens. L’imagerie, même ressemblante, s’oppose par le contexte. Et l’interprétation d’une forme dépend de son contexte. Ainsi, pas franchement de cadre religieux à l’imagerie punk rock baroque du Dernier Cri, même si individuellement, pour chaque artiste, il ne faudrait en juger rapidement. Les jardins de l’enfer restent, même s’ils sont problématiques pour certains croyants, dans le cadre d’un imaginaire cultuel. L’imagerie du Dernier Cri, et d’autres, est le fruit d’une longue histoire sécularisée, d’une société qui s’est servi de la provocation formelle, de la liberté formelle, jusqu’à retourner parfois les esthétiques religieuses, comme d’un puissant outil d’émancipation individuelle. Même si ces étranges parcs outranciers semblent provoquer la même répulsion sociale que la version extrême de l’imagerie née de la pop-culture de la fin du XXe siècle, les deux objets n’ont définitivement pas la même nature. Et ceci, même si l’on peut douter parfois de la motivation purement religieuse des constructeurs de parcs Thaïlandais… Comme dans la peinture classique, un jardin de l’enfer prend prétexte des mythologies religieuses pour exprimer les outrances de la libido, quand les imagiers contemporains semblent parfois avoir des accents religieux à force d’expression outrancière de la libido… Les extrêmes se croisent, sans venir du même lieu. Et alors, ces jardins semblent en effet participer de l’underground mondialisé.

Les participants à l’exposition :

HAMADARAKA SISTERS – MOTOHIRO HAYAKAWA  – DAISUKE ICHIBA – WATARU KASAWARA- NORIHIRO SEKITANI – TETSUNORI TAWARAYA – MARTES BATHORI – ANTOINE BERNHART – PAKITO BOLINO – LAETITIA BROCHIER – MARC BRUNIER MESTAS – CRAOMAN – DAVE 2000 – MATHIEU DESJARDINS – FREDOX – DAV GUEDIN – MATTI HAGELBERG – LEO QUIEVREUX – STAN LIQUIDE – NUVISH – RITON LA MORT – SAM RICTUS – JU RICTUS – GWEN TOMAHAWK – ZVEN BALSLEV – VINCENT WAGNAIR – ALEKSANDRA WALISZEWSKA – ENRE OHRUM – RANIERO – VAL L’ENCLUME – ABRAHAM DIAZ – BEN SANAIR – KINGA JANIAK – MARCO TOXICO – JULIEN GARDON – CHA KINON – MARGAUX BIGOU – JEAN KRISTAU – ANDY LEUENBERGER – AERON ALFREY – POLE KA – DR LAKRA – DIEGO LAZZARIN – BRULEX – MOOLINEX – YVANG – COLIN RAFF – PATRICK JANNIN – LILAS MALA – GÉA PHILES – CIRO FANELLI – GEORGE TOURLAS – MARTIN LOPEZ  LAM – BERTOYAS – KELE POUR – ZIGENDEMONIC – THE PIT – MARCEL RUIJTERS – FRAMAX – PUCK – GUILLAUME SOULAGE – MAVADO CHARON – GOTIER – VALFRET GASPARD JEANNE – MATTT KONTURE – NICOLAS FRÉMION …

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.