J’ai tenté de lire « Photos de famille » d’Anne-Marie Garat. J’ai tenté de le lire par acquit de conscience, parce que ça semblait normal, dans ce sujet qui m’était donné… Et je suppose que ce n’est pas un mauvais livre, mais je n’ai pas réussi à aller bien loin, et je ne suis pas sûr de savoir exactement pourquoi. Pour un ensemble de choses, je suppose. Peut-être à cause même de la pertinence de son approche, qui fait qu’elle semble re-dire « ce que nous savons tous » ?
Je pourrais bien critiquer son écriture, mais pour être sérieux justement, je crois surtout qu’il y a une réticence à la sublimation. Lorsqu’une chose est simple, substantiellement simple, il est dangereux de la sublimer, et l’écart entre sublimation et manière est infime. D’où, peut-être, cette impression désagréable de dilution dans une manière littéraire d’un sujet à la fois simple, infiniment simple, anthropologiquement simple (audace comique), et d’une infinie profondeur.
Bien sûr, les humains ont toujours décoré la mort, mais le décor de l’un est le ridicule de l’autre. L’accumulation d’ekphrasis à laquelle condamne le sujet, litanie assommante, discours décoré, provoque un ennui certain et contredit le sombre silence des clichés choisis en illustration. Malgré l’effort littéraire certain, les mots restent très en deçà de la force négative des photographies. L’impression d’un pépiement superficiel d’étincelle autour d’un trou noir qui finira par tout absorber. La solennité des portraits anciens finit toujours par absorber toute lumière et enfin, gagner le silence.
Voilà qui n’est pas de bon augure pour la suite de mon enquête…
(Se souvenir : observer les rituels et ne pas les noyer de mots)