hagard

Publié le 12 avril 2011

L’expression de Laurent Gbagbo, aux arrêts dans une chambre d’hôtel, est un pur mystère. Il semble en fait avoir perdu toute contenance, comme tous les visages de chef de l’État déchu que nous avons vus ces dernières années, et chaque fois, et ici, en parcourant les journaux en ligne hier, je m’interroge… En effet, pourquoi sont-ils jusqu’au-boutistes, alors même qu’ils se retrouvent seul contre le monde entier, qu’ils sont acculés, et qu’ils laissent passer milles occasions de partir riche et sauf, comme Ben Ali qui fait figure d’exception ? Non, ils s’accrochent, et je tente dans leur regard soudain hagard, soudain tremblant, de capter à quoi donc ils s’accrochent. Alors que leur monde volontariste s’écroule, se disloque, ils s’accrochent, jusqu’au bout, n’imaginant pas l’issue, comme s’ils n’avaient plus aucune capacité d’adaptation, fossilisés…

 

Je fais l’idiot, on me dira bien sûr que la réponse est évidente : c’est le « pouvoir ». Mais le pouvoir est un mot, un simple mot qui ne répond pas, malgré des siècles d’obsession littéraire, et nous laisse pas plus avancés devant ce regard-là. En fait, il y a bien deux hypothèses. Cet instant est peut-être celui que vivent tous ceux qui ont adoré une idole creuse qu’ils ont eux-mêmes construit. Ou simplement, lorsqu’on a abusé du pouvoir, qui est un pousse au crime, le monde devient inhospitalier si l’on sort sans la cuirasse du chef. Une simple peur animale, donc, sans qu’il n’y ait jamais besoin d’une prise de conscience métaphysique de la nature factice de sa prison dorée. Dommage…

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