Il existe aujourd’hui une belle scène mondiale de la peinture néo-réaliste. Presque envie de dire « comme il existe une scène mondiale d’à peu près tout ». Mais oui, il y a une scène vivante, vivace et passionnante, même si à leur propos j’aime rarement tout, quel que soit le peintre, et que l’exercice flirte souvent avec le kitch.
Mais quand on aime la peinture, il n’y a aucune raison de s’en priver, et c’est souvent réjouissant, puisque ces néo-là jouent avec toutes les modalités de l’image, récupérant toutes les sources et tous les codes des productions visuelles actuelles pour réinvestir ce bric-à-brac de notre environnement sursaturé dans le geste simplifiant, classique et relativement primitif de la peinture.
Dans le lot, Juliano Caldeira s’en sort presque toujours (du kitch) par la violence et l’ironie (comme Katharina Ziemke s’en sort aussi, mais pas toujours, par l’outrance chromatique).
Alors, « la rencontre », un diptyque amusant de Juliano Caldeira, qui d’un geste parfaitement classique, vient jouer frontal avec « la rencontre » de Courbet.
Passé l’ironie, on pourra penser à un discours simpliste et réactionnaire, mais le surjeu des personnages et l’agressivité de celui qui, dans la peinture de Courbet, représentait le peintre lui-même permet de se méfier d’une interprétation trop rapide.
Et depuis ce tableau de 2009, entre réalisme et onirisme, référence classique et emprunt aux distorsions vidéo et numériques, le travail de Juliano Caldeira s’est fortement déplié et ses dessins, en particulier, sont très beaux.